23 octobre 2007

Un cauchemar qui n'en est pas un

Avant de vouloir tomber enceinte moi-même, la vue d'un ventre rond ne me dérangeait pas. En fait, je ne crois même pas que je les remarquais. J'étais sincèrement heureuse pour mes rares amies qui avaient des bébés et je ne les enviais pas. Pas encore.

Quand nous avons commencé les essais, je me suis mise à voir des bédaines partout. Et plus le temps passait, plus leur vue m'était difficile. D'un serrement de gorge plein d'impatience, je suis passée à la boule de rage dans l'estomac et les larmes dans les yeux que je gardais baissés au sol. Ce fut encore pire après ma fausse-couche. Je prenais presque chaque grossesse comme un affront personnel, même si je savais bien que ça n'avait rien à voir avec moi. Ce n'était pas rationnel, mais je sais que c'était normal.

Enceinte de Tithom, j'ai continué à avoir un peu de difficulté avec les grossesses de fertiles, malgré que ma propre grossesse rendait les choses moins crues. Je restais moins longtemps dans ma bulle avant de me permettre d'être vraiment heureuse pour les gens concernés. Je ressentais encore un petit quelque chose de triste, mais ça ne durait pas longtemps.

Le temps a passé. Les grossesses des autres me dérangeaient plus ou moins. Jusqu'à ce que nous recommencions les essais. Ça me faisait mal, j'étais jalouse et frustrée de l'être, mais c'était bien moins pire que dans le passé. Mon fils avait vraiment mis un baume sur cette plaie et sa guérison était amorcée.

Je crois même que mon deuxième fils qui grandit en ce moment en moi en a accéléré la guérison. Je ne dis pas que les annonces de grossesse ne me font plus rien. Non, je crois que ça me fera toujours un petit pincement au coeur, simplement par le fait que les cicatrices laissées par l'infertilité ne disparaîtront jamais complètement. Mais je ne pleure plus, je ne suis plus choquée contre l'univers et je ne crie plus à l'injustice à chaque fois qu'une femme de mon entourage nous annonce la plus belle nouvelle de sa vie.

Et c'est tant mieux. Parce que ces temps-ci, les annonces de grossesses pleuvent autour de nous. Il y a même une cousine de Hom qui vient de nous apprendre qu'elle attend des jumeaux. Si j'étais encore l'infertile que j'étais il y a 3 ans, je serais en ce moment cloîtrée dans mon garde-robe avec ma boîte de mouchoirs et du chocolat, en train de pleurnicher "c'est pas juuuuste!" J'aurais juste envie de ne plus jamais sortir et de passer mes soirées à pleurer et maudire la vie. Si je n'étais pas enceinte en ce moment, je trouverais ça extrêmement difficile, surtout à l'idée de passer le temps des fêtes entourée de bédaines. Mais au lieu de ça, je suis ici, en train de flatter mon ventre rond où gigotte mon petit bonhomme et je souris à l'idée qu'il sera plus tard entouré de cousins et cousines de son âge lors des partys de famille.

Ce qui aurait été un cauchemar il y a quelques années est aujourd'hui vu comme un avantage. Tout le monde change, non?

3 commentaires:

  1. Je suis vraiment heureuse que la maternité soit un baume pour toi.
    Tu l'a mérité et attendu.

    xxx

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  2. J'aime ça te lire Kiwi. Lire ton évolution dans l'infertilité et les grossesses moi qui n'est rien vécu de ça, tu m'aides à comprendre des choses que souvent les gens n'osent pas parler.
    Bonne Grossesse !

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  3. Te lire, m'apporte un soulagement. Te lire, me fait sentir plus normale dans ce que je vis présentement. Jusqu'à maintenant, j'essuie des échecs à mes traitements de fertilité. Je me suis mariée récemment afin d'avoir un plan B pour l'adoption si jamais notre cheminement en clinique de fertilité échouait encore. La journée de notre mariage, NOTRE journée spéciale, mon beau-frère et sa conjointe nous annonçaient leur grossesse de presque 4 mois. Un éléphant dans un magasin de porcelaine!!! Tout ça pour te dire que je comprends ce que tu veux dire quand tu parles de la fertilité des autres comme un affront.

    Je suis rassurée de voir que tu n'as pas perdue ta sensibilité à l'égard de l'infertilité malgré tes grossesses. Je te souhaite tout le bonheur possible.

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