Je n'ai pas l'habitude de me censurer, mais quand je sais qu'un sujet est délicat, je préfère éviter une polémique... Seulement, j'ai besoin d'en parler. Pas pour partir un débat sur la question, mais bien pour écrire ce qui pèse sur mon coeur.
La triste histoire de ma copine K a fait remonter toutes sortes de choses en moi. En fait, bien des questions auxquelles je n'avais jamais pris vraiment la peine de répondre. Je n'ai jamais eu à faire face à cette situation, j'avais donc quelque peu balayé du revers de la main cette possibilité, ne voulant simplement pas y penser. Ça n'arrive qu'aux autres? Je ne le crois plus, si c'était ce que je pensais.
Enceinte de Tithom, j'ai passé le test de clarté nucale. À ce moment-là, nous avions décidé de le passer parce que ça nous donnait l'occasion de voir le bébé une fois de plus et parce que ça nous rassurerait. Bien sûr, j'appréciais aussi le fait que le test pouvait dépister certaines malformations, mais pour moi, c'était presque secondaire. Je n'ai donc pas passé des heures à me demander ce que je ferais si les résultats étaient mauvais. Je ne voulais pas y penser, je ne voulais pas m'en faire pour rien. Je me disais attendons les résultats, nous verrons ensuite.
Les résultats étaient bons et on sait aujourd'hui que Tithom est en super santé. Mais si ça n'avait pas été le cas? Si Pépin avait été très malade? Qu'est-ce que nous aurions fait? Pour Hom et moi, la décision semblait claire: nous mettrions un terme à la grossesse. Je sais que bien des gens sont contre ces interventions. Mais je crois que c'est un choix très personnel, qui revient à chaque couple de faire. Ce n'est pas tout blanc, ni tout noir, il n'y a pas de bonne ni de mauvaise réponse. Seulement des choix différents et personnels. Selon moi, peu importe si on décide de garder le bébé ou de ne pas le garder, il y a des pours et des contres, des regrets et de la paix des deux côtés.
Pourquoi ce choix? Pourquoi détruire ce qui aurait pris des années à construire? Croyez-moi, ça n'aurait pas été facile à faire. J'en aurais eu le coeur en miettes, en bouillie même. J'aurais probablement eu beaucoup de difficulté à m'en remettre. Mais au bout du compte, je crois que nous aurions pris la bonne décision, pour nous. Un choix égoïste? Peut-être. Oui, le choix est fait, entre autres raisons, pour notre bien-être, notre zone de confort, notre vie d'adulte. Il est fait en fonction de ce que nous sommes prêts à donner en tant que parent, ce que nous sommes prêts à sacrifier, à laisser tomber, à abandonner comme rêve. Mais il est fait aussi en fonction de la qualité de vie, de ce que nous voulons donner à nos enfants. Tout le monde veut un enfant en santé, avec ce qu'il y a de meilleur. Le meilleur environnement, les meilleures conditions, le meilleur avenir. Il y a un deuil à faire, qu'on garde le bébé ou non.
Malgré tout, je suis persuadée que si nous avions eu un enfant trisomique sans le savoir auparavant, nous l'aurions aimé de tout notre coeur. Nous l'aurions accepté et accueilli, là n'est pas la question. Et je ne doute pas non-plus qu'au fond, l'enfant aurait été heureux. Mais moi, personnellement, je ne crois pas être une maman assez forte pour être mère d'un enfant de 8 ans toute ma vie. Je ne crois pas avoir la force de le faire sans un jour me sentir prisonnière, me sentir mauvaise mère, sans lui en vouloir un tout petit peu.
Même si le choix semble clair, je ne le ferais jamais facilement, je le regretterais longtemps, même si au fond de moi, je saurais que pour nous, ça aurait été le meilleur choix. Je ne juge pas les gens qui décident de garder le bébé après une tells nouvelle. Je les admire même, car je ne crois pas avoir cette fibre maternelle spéciale. C'est un amour très fort qui nous lie à nos enfants, et quand ils ont besoin de nous comme ça, toute leur vie, ça doit prendre un amour encore plus solide. Je ne juge pas non-plus les couples qui décident de mettre fin à la grossesse, car je sais que le choix est fait à reculons, que ce n'est pas un choix léger.
Ce n'est pas un choix qu'un parent devrait avoir à faire, dans un sens comme dans l'autre. Quand on décide de mettre un terme à la grossesse, c'est le deuil d'un bébé, le deuil d'une grossesse, le deuil d'un rêve qu'on doit faire. Un peu comme une fausse-couche, mais avec notre mot à dire. Et personne ne déciderait de faire une fausse-couche volontairement. Perdre un bébé, ce n'est jamais facile. Ça laisse un trou dans le coeur et le ventre bien vide. Perdre un bébé, ça détruit aussi notre naïveté, notre vision rose de la vie, notre confiance en la nature, en notre corps. Le perdre par choix, je n'ose même pas imaginer le grand trou que ça fait...
20 septembre 2006
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Ça fait un petit bout que je veux écrire là-dessus justement, mais je cherche la façon de l'aborder sans faire de peine... tu vois, pour moi, c'est totalement l'inverse... je n'ai jamais passé le test de la clarté nucale, ni autres tests de dépistages, puisque que pour mi la question ne se pose pas... Et pourtant, je vis avec un enfant qui sera probablement un enfant toute sa vie, qui chaque jour nous fait sentir sa différence, use notre patience.. mais il est tout de même heureux, et nous aussi...
RépondreEffacerC'est une dure réflexion et je crois qu'il y aura toujours des opinions divergentes là-dessus.. ceci dit, je respecte totalement le choix des autres, même si ça vient chercher un petit quelque chose à l'intérieur de moi...
Isa
Je viens de lire ton texte et honnêtement, c'est ce que je pense à 100%. Mais si ça m'arrivait, je sais que je serais déchirée. Je metterais un terme à ma grossesse, mais ce serait tellement difficile. Pour mon chum la question ne se poserait même pas, mais c'est beaucoup plus facile pour le père, il ne vie pas la même chose que nous.
RépondreEffacerC'est un très beau texte. Je ne sais quoi dire de plus.
RépondreEffacerC'est un très beau texte, une réflexion qui s'impose...
RépondreEffacerEn même temps j'ai entendu quelques histoires d'horreurs de couples qui s'étaient fait prédire un enfant trisomique suite à un test et qui malgré tout l'avait gardé... puis à la naissance l'enfant était tout ce qu'il y avait de plus "normal". C'est donc dire qu'ils auraient pu prendre la décision d'avorter d'un enfant en santé et ne l'auraient jamais su... Ça laisse songeur. À quelque part je crois qu'il faut laisser faire la nature. D'un autre côté je comprends tout à fait qu'un couple puisse ne pas se sentir prêt à faire fasse à une telle situation et quelle que soit la décision elle ne peut être que déchirante... Pas facile... De mon côté n'étant pas au clair avec la question, j'ai décidé de ne pas faire le Prénatest. Il en va de même pour l'Homme. On a décidé de prendre les choses comme elles viennent.
On a pas fait le Prénatest. Après discussion on s'est dit que Bébé était là et qu'on était prêt à l'assumer peu importe ce qui pouvait arriver. Mais en même temps je comprends ceux qui décident de ne pas mener la grossesse à terme en sachant que le bébé est handicapé... c'est toute une responsabilité à assumer...
RépondreEffacerIl a fallu qu'on se repose la question en milieu de grossesse car à l'écho la distance inter-orbitrale était anormale selon les médecins d'ici. Ça pouvait être le signe d'un syndrôme. On a décidé de garder Bébé peut importe le résultat et lors de l'écho à Québec tout était absolument normal... Mais c'est tellement difficile de même penser à tout ça avec un bedon de 25 semaines...