15 septembre 2005

Définition

Quand je parle de femmes "pas comme moi", je parle de celles qui n'ont pas eu à attendre pour avoir un bébé. Je parle de celles qui ont essayé un mois ou deux avant de voir la ligne rose apparaître et qui ne se sont jamais demandé si celui-là allait rester accroché. Je parle de celles qui ne savent pas que d'autres femmes, comme moi, comme toi CR, et comme des milliers d'autres, doivent attendre des mois, des années mêmes, et vivre déception par-dessus déception, test par-dessus test, tout ça dans le but d'avoir ce qu'elles, elles ont eu sans avoir à attendre. Qu'on ait pris des hormones ou non, qu'on ait laissé tomber l'espoir de devenir maman ou qu'on ait essayé tout ce qu'il nous était humainement possible, pour moi, ça ne change rien. Ce qui différencie les femmes comme moi des autres, c'est l'attente et la déception, c'est l'effort que nous devons faire, à chaque cycle, pour nous relever et continuer. Qu'on attende 9 mois ou 3 ans, c'est difficile, point. Bien sûr, l'attente change, les émotions deviennent plus vives, les douleurs plus amères, plus le temps avance. Mais à la base, l'attente dans le désir et l'impatience, dans l'injustice et la déception, reste une attente bien trop longue.

Je ne me considère en aucun point meilleure ou supérieure ou plus forte ou plus sensible ou plus intelligente ou plus intéressante que tout autre femme ayant réussi du premier coup. Non. Nous sommes seulement différentes, c'est tout. Pas mieux, pas pires, juste différentes.

J'ai lu des témoignages de dizaines de femmes ayant fait face à divers combats. Pour une, ce fût 6 FIV, des jumeaux nés prématurément qui ne survivront pas, puis encore une grossesse, d'autre jumeaux, qui eux survivent et vivent, en santé et heureux. Pour une autre, c'est un mari avec un problème de spermatos, il subit plusieurs opérations, ils font plusieurs FIV et réussissent à leur dernier essai. Malheureusement, ça se termine en fausse-couche. Ils se tournent maintenant vers l'adoption. Une autre n'a jamais eu d'espoir, considérée stérile à cause du DES. Elle a eu le plus grand don qui existe: une mère-porteuse a porté l'embryon venant d'elle et son mari et leur fils est né il y a quelques mois. Une autre femme a attendu, sans savoir la cause de son infertilité, pendant plus de deux ans, avant d'avoir la visite de la cigogne, au naturel. Je pourrais continuer longtemps comme ça. Ce sont toutes ces femmes qui me donnent espoir, qui me gardent les pieds sur terre et la tête froide. Ce sont des femmes commes elles qui me font me rendre compte, jour après jour, de la chance que j'ai, malgré tout ce que ça aura pris pour m'y rendre.

Oui, je me considère encore infertile, même si ce petit bout d'homme qui me donne des coups de pieds essaie de me contredire. Je me considère infertile, en rémission si vous voulez, parce que je sais qu'un jour, si nous voulons donner un petit frère ou une petite soeur à Pépin, nous devrons recommencer le même combat. Tout comme toi, CR, ça me fait peur. Je te souhaite de tout coeur que bébé #2 se pointe bien plus rapidement que le premier. Ton combat est peut-être différent, mais tu fais partie de ces femmes qui m'ont donné l'espoir et la force de continuer. J'espère te rendre la pareille un jour.

4 commentaires:

  1. Kiwi, j'ai été très touchée par ton message et je fais partie de ces femmes qui n'ont pas eu à attendre. C'est vrai que c'est plaisant mais en même temps ça me fait peur parce que nous n'avons pas eu à attendre et pas à affronter les échecs pour mieux nous protéger.

    Mon arrière grand-mère a mis 7 ans pour avoir sa seule et unique fille. Une leçon de courage, quand j'y repasse, je suis épatée et éblouïe par tant de patience et de ténacité, tant de caractère, par le fait que mes arrières grands parents n'aient jamais baissé les bras.

    Je souhaite beaucoup de courage et de patience aux couples qui doivent affronter ces problèmes. Ca vous donne encore plus de mérite je trouve.

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  2. Comme Mademoiselle, je suis admirative devant les femmes comme toi. Celles pour qui le chemin qui mène à la maternité est long et douloureux...
    J'en suis à ma quatrième grossesse, te je fais partie de ces femmes qui n'ont jamais à attendre. Aussitôt décidée, aussitôt enceinte.
    Mais en regardant la fameuse petite barre rose apparaître, c'est dingue comme j'ai pensé à vous toutes...

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  3. Ben voilà je suis commte toi Kiwi. J'ai fait une fausse couche et on entre dans la phase de déception et d'attente...

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  4. bonjour,
    je suis la fille d'une mère qui m'a désiré ardemment...en effet, ma mère est une fille dystilbène et a comme malformation un uterus d'une petite fille de 7 ans...Mes parents ont essayé d'avoir un enfant durant 15 ans...et en 1986, enfin, ma mère fut enceinte de moi...j'étais un tout petit bébé (1.2Kg)mais aujourd'hui je suis en ppleine forme et santé....
    je vous souhaite bonne chance, car les bébés qui sont attendus par des femmes qui ont des problèmes pour en avoir sont chéris et aimés...les femmes qui n'ont pas de problèmes aussi bien sûr...
    alors bonne chance....

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