21 mai 2005

Quoi dire?

En effet, dans mon dernier post, je disais clairement ce que je ne voulais pas entendre en tant qu'infertile. Jamais je ne pense de mal des gens qui me content des histoires. Jamais je ne leur en veux de le faire. Ils essaient, tant bien que mal, de m'encourager, et c'est bien plus que ce que la majorité des gens font (ou ne font pas). Je suis très sincère en disant que j'apprécie tous les mots d'encouragement que je reçois, peu importe leur forme. Ce n'est pas de l'ignorance ou du manque de respect de la part de ces gens. Je vois ça seulement comme de la maladresse avec de bonnes intentions. Et je les remercie de simplement vouloir m'aider.

Mais bon, si je dis ce que je n'aime pas entendre, je devrais aussi dire ce que j'aime entendre. Quoi dire à une infertile? Quoi faire pour encourager un couple qui se bat pour avoir un enfant? Malheureusement, je n'ai pas de formule magique ou de phrase miracle. J'ai peut-être quelques petites conseils par contre...

  • Dites honnêtement à la personne comment vous vous sentez. "Écoute... Je suis vraiment triste par ce qu'il t'arrive, mais je ne sais pas trop quoi te dire." Le simple fait de savoir que l'autre personne est touchée par ce que nous vivons, c'est un bon départ. Vous pouvez même lui demander si vous pouvez faire quelque chose ou ce qu'elle voudrait qu'on lui dise.
  • Ne lui donnez pas de conseil. Jamais. Me faire dire par quelqu'un qui ne vit pas l'infertilité que je devrais essayer ça ou bien juste relaxer, ça me rend dingue. Je connais le monde de l'infertilité. Je suis plongée dedans depuis des années et je lis tout ce que je trouve sur le sujet. Bref, je suis informée, je n'ai pas besoin de conseil.
  • Demanez-lui "quels sont tes espoirs pour ce cycle-ci?" plutôt que de lui dire "ça va marcher c'est sûr, je le sens!" C'est une pression inutile dont on peut se passer. Bien sûr, on espère la même chose, mais de savoir que les gens attendent ça de nous, c'est lourd à porter.
  • Écoutez-la. C'est souvent ce qu'il nous manque le plus, l'écoute. Écoutez avec votre coeur, ne pensez pas à ce que vous pourriez lui dire ou lui conseiller, pensez seulement à la peine que vit cette personne et au poids que cela représente.
  • Si vous savez quand est supposé être le J1 de la personne, ne l'appelez pas le matin pour savoir si ses règles ont décollé. Attendez que la personne vienne vers vous et vous le dise d'elle-même. Ce n'est jamais facile d'admettre la défaite, il faut laisser un peu de temps s'écouler avant de pouvoir en parler. Ne demandez pas à tout bout de champs "es-tu enceinte?" Demandez plutôt "où en êtes-vous dans vos essais, si tu veux en parler."
  • Par contre, si vous lui parlez au début d'un cycle, après un échec, vous pouvez lui demander si elle veut aller prendre un verre, un café ou aller magasiner. Ça peut changer les idées et apporter du réconfort.
  • Des mots d'encouragement simples comme "ne perds pas espoir" ou "crois en ton rêve" font beaucoup de bien. Se faire dire qu'on est persévérants et courageux, ça peut flatter, faire du bien, mais la ligne est mince. Je n'ai pas toujours aimé me faire dire que j'étais forte, car ça me mettait une pression que je n'étais pas toujours capable de supporter. Ça me faisait parfois croire que je n'avais pas le droit de désespérer et de m'écrouler sous les échecs. Je devais être forte.
  • Essayez d'éviter le sujet des bébés et grossesses d'autres personnes. J'ai rarement le goût d'entendre parler de ce que vit une femme enceinte quand je viens d'apprendre que mes traitements n'ont pas fonctionné. Ça m'arrivait de parler moi-même de grossesse et d'enfants. Ce n'est pas 100% tabou, mais il y a un temps pour chaque chose. J'ai partagé la grossesse de plusieurs amies, mais il y avait des jours où je me tenais plus éloignée de tout ça, seulement pour me protéger.
  • Respectez la personne et son besoin de s'isoler. Si elle veut rester chez elle plutôt que d'aller à une fête où il y aura des bédaines et des bébés, respectez-la.
  • Si vous avez une annonce de grossesse ou de naissance à lui faire, ne le faites pas directement. Faites-le par écrit ou en laissant un message sur le répondeur. De cette façon, la personne infertile pourra vivre les émotions qui viennent avec une telle annonce (la tristesse, le sentiment d'injustice, la jalousie, la frustration) en privé, à son propre rhytme. Puis, quand la tempête sera passée et qu'elle pourra se permettre d'être heureuse pour la personne (car nous le sommes! Il faut juste nous laisser du temps!), alors elle rappelera et félicitera. Les embuscades et les annonces surprises devant plein de gens sont énormément difficiles à vivre. On doit faire semblant d'être heureuse et sourire alors que tout chavire en nous.
  • Ne lui dites pas "je comprends" si vous ne comprenenz pas. On ne s'attend pas à de la compréhension, mais à du respect. N'hésitez pas à poser des questions sur les traitements, les procédures, si ça vous intéresse et si la personne est prête à en parler.
  • Ne lui dites pas ces phrases...
Je crois que j'ai fait le tour... Je sais que c'est difficile, c'est une situation délicate. Moi-même, au tout début de nos essais, je ne savais pas quoi dire, je ne savais pas comment aider. Encore aujourd'hui, ça m'arrive souvent de rester sans mot devant la tristesse et la décepion d'une amie infertile. Je peux vous dire que les gens qui m'ont le plus aidée sont ceux qui m'ont écoutée et respectée, tout simplement.

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