29 février 2008

La peur de flancher

Après avoir digéré ma poutine et pris le temps de réfléchir de façon calme et non hormonale, j'ai finalement compris le fond de ma déception. Je parlais d'attentes, mais ça allait au-delà des attentes que je m'étais faites par rapport à ce seul rendez-vous. Je crois qu'on se fait toutes des attentes par rapport à l'accouchement, que ce soit notre premier ou non. Et c'était là le fondement de ma déception.

Enceinte de Tithom, je m'étais fait un genre d'idéal de mon accouchement dans ma tête. Bien sûr, on espère toutes que tout se déroule vite et bien, même si nous savons toutes qu'on ne peut pas prévoir comment un accouchement se passera. Je suis du genre à vouloir imaginer toute éventualité, question de savoir quoi faire en temps et lieux. Mais j'avais quand même focussé sur mon idéal, mon accouchement de rêve, si on veut. Ça se limitait là: mon imagination, en me basant sur des témoignages et des écrits. Après avoir accouché, j'avais ressenti un peu d'amertume car les choses ne s'étaient pas toutes déroulées comme je l'aurais voulu. Je l'ai souvent dit: attentes = déception. Un travail long, une poussée de plusieurs heures, une petite séparation d'avec mon bébé dès sa naissance... tout ça m'était resté en travers de la gorge, même si au fond, rien n'était grave. Quelques semaines plus tard, les hormones s'étant un peu calmées, je n'étais plus amère. Je n'avais aucun regret et c'est tant mieux, car c'est ce que je m'étais promis. Aucun regret.

Mais voilà. Maintenant que je m'aprête à vivre à nouveau un accouchement, ma machine à scénarios est repartie. Elle a changé de technique, par contre. Maintenant, elle se base sur mes propres expériences d'abord, plutôt que seulement sur ce que j'avais lu ou entendu. Et l'idée de ne pas ressentir de regret est un peu fondée sur l'idée qu'avec un deuxième accoucment, je peux "me reprendre". Je peux, en quelque sorte, corriger ce qui ne m'a pas plu au premier accouchement. Enfin, je le voudrais bien, si possible.

Et un des changements que j'aimerais apporter est de ne pas avoir recours à la péridurale cette fois-ci. Je n'ai jamais regretté de l'avoir demandée au moment où je l'ai fait, lors de la naissance de Tithom. Dans les circonstances et avec le recul, je crois même que c'était la bonne décision pour moi, pour nous, pour cet accouchement-là. Mais cette fois-ci, j'aimerais vraiment, vraiment, vivre un accouchement tout naturel. Et j'ai peur de flancher. J'ai peur de ne pas arriver à repousser assez mes limites pour y arriver sans piqûre. J'ai peur de trop me rappeler le soulagement ressenti lorsque la péri avait commencé à faire effet et de lâcher prise rapidement.

Je ne suis pas anti-péridurale, mais je ne suis pas pro à tout coup non-plus. Je crois que c'est un choix personnel, que chaque femme a ses propres limites, sa propre zone de confort, ses propres priorités. Je crois aussi que ce n'est pas une décision à prendre à la légère, compte tenu des conséquences qu'elle peut avoir (et je ne parle pas seulement du faible risque de rester paralysée) et que bien souvent, elle est choisie en premier lieu plutôt qu'en dernier recours.

C'est donc à tout ça qu'avait rapport ma déception de mardi. Ma raison a fait des bonds, passant de gros bébé à travail long et difficile, à longue poussée, à je ne serai jamais capable de pondre un oeuf de 10 livres, à je vais finir par demander la péri et le regretter.

Il y a au moins une chose de fertile chez moi: mon imagination. Surtout lorsqu'encouragée par les hormones dans le tapis et la fatigue.

Je me suis calmée. J'ai mangé une poutine. J'ai réfléchi. J'ai médité. Je me suis donné quelques calques derrière la tête en me disant "veux-tu bien arrêter de dramatiser pour rien!" Et maintenant, je peux non seulement vous dire que je ne suis plus déçue, ni découragée, mais que je n'ai plus peur. Pour le moment du moins.

5 commentaires:

  1. Je te souhaite le plus bel accouchement du monde, zen, zen, zen.
    Au pire, amène-toi une poutine à l'hôpital le jour de ton accouchement ;-)

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  2. Tu sais, je trouve ça plutôt important de se faire son scénario idéal. Non, ça ne se passe pas toujours comme prévue, mais la pensée positive, ça aide énorméement.Selon moi, pour ne pas avoir la péridurale, il faut déjà être décidée à l'avance, si on se laisse une porte ouverte, il y a de bonne chance qu'on l,a prenne. Je vois çca comme dans tout, comme l'allaitement par exemple, jamais je ne me suis dis que j'allais essayer d'allaiter, non, j'allais le faire un point c'est tout, pareil comme pour l'épidurale, je ne voulais rien savoir et je ne l'ai pas eu non plus. Et dis-toi que même si bébé fait 10 lbs, c'est surtout la circonférance de la tête qui entre en ligne de compte. Peu importe, je te souhaite un super bel accouchement avec un beau bébé tout neuf, tout en santé !!!

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  3. Ysa, méchante bonne idée la poutine à l'hôpital! Je vais essayer d'y penser en chemin!

    Ginger, il me semble que tu avais fini par la demander pareil, non? ;) Sans blague, je comprends ce que tu veux dire... je pensais comme ça pour l'allaitement (je n'ai jamais dit je vais essayer, seulement je vais allaiter, point). Sauf que pour la péri, je ne vois pas ça du même oeil... Je crois fermement que même si j'avais été complètement fermée à l'idée avant d'accoucher de Tithom, j'aurais fini par la demander quand même (car je précise ici que jamais personne ne me l'a offerte, c'est qui l'ai demandée). Je crois avoir eu un pressentiment et avoir deviné que le travail à venir me demanderait plus que ce que je pouvais offrir à ce moment-là. Est-ce que j'aurais pu y arriver sans? Peut-être... on ne le saura jamais. Mais j'en doute beaucoup. Je crois (et le doc me l'avait dit aussi) que ça aurait fini en césarienne. Et entre les deux, mon choix est très clair.

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  4. Oui, je l'avoue, je l'ai demandée pareil, mais c'est que j'ai été trop nounoune pour comprendre que si j'avais si mal, c'est que j'étais déjà redue à 10 cm, lol ! Mais tu sais, je parle pour moi, mais je ne veux pas que tu vois ça comme un échec si tu l'as prend encore, ce n'est pas un concours de performance (même avec soi-même, là), c'est une naissance, un des plus beaux jours de notre vie. Et tu sais, si ton travail part tout seul, les choses seront peut-être bien différentes ?

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  5. Je ne l'ai jamais pris comme un échec (mais je sais que bien des filles le vivent comme ça) car avec le recul, je reste persuadée que je n'aurais pas pu profiter autant de cet accouchement-là, dans ces circonstances-là. Ce que j'espère ici, en fait, ce sont des meilleures conditions pour arriver à profiter de tout, sans avoir recours à la péri... On ne sait jamais comment ça va tourner, hein?

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