7 janvier 2008

L'angoisse du deuxième

Il y a quelque temps, sur un forum que je fréquente, une fille avait parlé de ses angoisses à l'idée d'attendre un deuxième enfant. Son sujet m'avait interpellée, puisque j'en étais au début de ma grossesse, dans l'attente du deuxième. Mais, bizarrement, je ne ressentais aucune angoisse, aucune peur. Je me disais, sans la juger, que mon parcours différent changeait peut-être ma façon de voir les choses. Après tout, on a pas tellement le choix de s'assurer que notre décision est réfléchie quand on s'embarque dans des traitements de fertilité. Même si j'ai souvent essayé d'en parler légèrement, la stimulation ovarienne par injections doit être prise au sérieux. On doit être certain de notre affaire. Une fois les dés lancés, on ne peut plus reculer.

J'ai toujours vu les traitements de fertilité comme une façon d'aller jusqu'au bout, de ne pas avoir de regret. Ce sont nos limites à nous. Je sais que pour bien des couples, leurs limites se situent ailleurs et qu'ils ne regretteront pas ne pas avoir pris ce chemin. Je le respecte, même si pour moi, pour nous, je devais tout essayer. Ayant en tête, au moment où l'aiguille perçait ma peau, les conséquences, bonnes et mauvaises, de nos choix, je n'ai jamais rien regretté. Donc, lorsque je suis tombée enceinte de Tipépin, ce n'était pas le cas non-plus.

Puis, quelques mois plus tard, j'ai eu une révélation, comme si on me gifflait. Oui, je savais que j'étais enceinte, j'en étais consciente. Mais en même temps, bizarrement, je n'arrivais pas vraiment à concevoir que j'allais vraiment avoir un deuxième enfant. Et du jour au lendemain, tout m'est apparu très clair. Nos vies allaient changer, notre famille allait changer. Nous n'allions plus jamais être seulement nous trois. J'allais recommencer à allaiter, nous allions recommencer à ne plus dormir, nous allions à nouveau découvrir une petite vie toute neuve au jour le jour.

Et bang! Les angoisses ont commencé. Comment allais-je arriver à m'occuper d'un bébé en même temps que de Tithom? Comment allais-je arriver à dormir, ou du moins, à me reposer? Est-ce que Tithom allait apprécier son nouveau rôle de grand frère? Est-ce qu'il nous en voudrait de lui imposer un petit frère, de lui enlever sa place unique sans lui demander son avis? Est-ce que j'allais m'ennuyer de nos moment seuls tous les trois? Est-ce que j'allais regretter de ne pas m'être contentée d'un enfant?

Toutes des questions que je ne m'étais jamais posées avant. Toutes des questions qui viennent avec le deuxième enfant, j'imagine. Au premier, j'angoissais sur l'accouchement, sur mes capacités de mère, sur l'allaitement, sur des questions finalement sans importance comme comment laver le nombril et quand commencer les céréales. Maintenant, j'angoisse sur l'impact de notre décision sur notre fils aîné. J'angoisse encore sur mes capacités de mère, mais sous un angle différent.

Bon, on s'entend, je n'y pense pas à chaque heure de chaque jour, loin de là. Ça me prend par vagues, quand j'ai quelques secondes pour penser (ce qui n'arrive pas tellement souvent finalement). Puis, je croise le regard de mon chum ou celui de mon fils et tout redevient clair: ça va bien aller, car ils sont avec moi dans cette nouvelle aventure. Je pense aux beaux moment, sans nécessairement oublier les moins beaux (qui peut oublier les nuits blanches, le lait régurgité, la montée laiteuse et les pleurs qui ne semblent jamais finir?). Je me concentre sur le fait que tout ce que j'ai adoré vivre avec Tithom pour la première fois, j'aurai la chance de le revivre, différement, avec mon deuxième fils. J'imagine Tithom donner un bisou à son petit frère. Je les imagine plus vieux, courant dans la maison en riant comme des fous. Je les imagine en train de préparer un mauvais coup. Je les imagine les deux assis dans un bain rempli de mousse, s'éclaboussant. Je les imagine les deux endormis, un à côté de l'autre. Je n'ai pas besoin de penser aux moins beaux côtés de la maternité, je sais qu'ils sont là. Mais les beaux les dépassent largement, et c'est de ça que je dois me rappeler.

Oui, j'aurai le moins beau en double, mais aussi, et surtout, le plus beau.

5 commentaires:

  1. Je partage tes angoisses à 100 000 à l'heure, mais j'imagine qu'à pârt attendre de voir comme ça va se passer, on y peut pas grand choses...

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  2. Je ne sais pas combien de mois tes enfants auront de différence, mais moi avec mes 2 pinotte de 22 mois d'écart, ce fut merveilleux!
    Facile, ma Grande a super bien réagit, tout a été comme sur des roulete :)

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  3. @Ginger: eh oui, attendre et focusser sur le positif!

    @Elyia'nha: Ils auront 25 mois de différence. J'espère que ça se passera aussi bien que pour toi!

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  4. ah le mystère de la naissance! Je te l'accorde les choix d'aller au x bouts sans regret cest de dire à ses enfants qu'ils sont créer dans l'amour et le désir le plus vicérale!

    tres beau! je vai srevenir ici!

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  5. Comme elya'nha, mes deux amours sont tellement proches, tellement complices, je ne pensais pas que ça irait si bien. Mais, c'est bizarre de se retrouver avec 2 d'un coup. Moi, honnêtement, dans les 1eres semaines, je me suis beaucoup ennuyée de Marius parce que je sentais que je n'avais plus de temps pour lui. Mais, ça se replace vite et bien et la dynamique avec 2 enfants est vraiment géniale je trouve.
    Je te souhaite que ce soit aussi merveilleux.

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