27 septembre 2006

Réaction

Dimanche dernier, à l'émission Découverte, on parlait de fécondation in vitro. Bien entendu, j'ai regardé le tout, deux fois plutôt qu'une. Je ne pensais pas en parler ici, puisque selon moi, le documentaire était assez complet, même si de courte durée. Le reportage était clair, concis et faisait le tour, quoi que sommaire, de la question des naissances prématurées liées à la FIV. Mais après avoir lu quelques réactions, je sens le besoin d'en parler.

Premièrement, je veux me débarasser de quelque chose qui m'énerve au plus haut point. Ça revient souvent et c'est revenu à plusieurs reprises dans le documentaire. Lorsqu'on parle de FIV, on dit souvent, à tord, qu'on "implante" des embryons. Hors, le vrai terme est "transférer" des embryons. Si les médecins avaient le pouvoir de les implanter, le taux de succès de la FIV serait bien plus élevé, croyez-moi! On les transfert donc. Qu'ils s'implantent ou non dans la paroie utérine, ça reste un jeu de dés, comme pour la conception "naturelle".

En résumé, le topo parlait du nombre croissant de naissances prématurées provenant de grossesses obtenues à l'aide de la FIV. Ces naissances prématurées surviennent en grande majorité lors de grossesses multiples. On parlait donc de ces grossesses gemellaires obtenues grâce au transfert de plusieurs embryons. On a aussi abordé la question de la réduction embryonnaire.

Il est clair que ce ne sont pas toutes les grossesses multiples qui proviennent de la FIV et qui se terminent en naissances prématurées. Il était seulement question de parler du nombre grandissant de naissances prématurées par rapport au nombre d'embryons transférés. Les médecins ne jettent pas le blâme sur les patients, mais je peux très bien comprendre pourquoi ces couples décident de tenter leur chance avec 2 ou 3 embryons (ils ont parlé d'un couple en ayant transféré 6, ce qui est très rare). Je me mets dans leurs souliers... Je suis infertile, j'essaie depuis des années d'avoir un enfant. Ça ne fonctionne pas, malgré les hormones, les tests, les injections, les inséminations. Tout cela coûte très cher, déjà. Et c'est très difficile. Je vieillis, je sens l'urgence me gagner, je me sens à court de solutions. Après plusieurs années d'échecs et de déception, on se tourne vers la FIV. On fait le protocole, on a quelques ovules fécondés. À 6000$ par cycle, je ne nous vois pas faire ça 4 ou 5 fois avec un seul embryon à la fois. Surtout qu'un cycle de FIV est loin d'être facile et agréable comme une conception naturelle! Mon raisonnement: si on en transfert 3, il y a 3 fois plus de chances qu'un seul s'accroche. Plutôt que de répéter 3 cycles avec un seul embryon et peu de chances, on triple nos chances en un seul cycle. Un seul paiement, une seule intervention. Oui, il y a les risques que les 3 s'implantent, mais soyons réalistes! En tant d'années, tant de traitements, jamais un bébé ne s'est accroché. Pourquoi là, les 3 s'accrocheraient? C'est impensable.

C'est vraiment, en premier lieu, une question monétaire. Si le gouvernement se déniaisait (et ne vous gênez pas d'écrire à votre député sur le sujet!), ils paieraient, au moins en partie, les traitements de fertilité, ce qui enlèverait le sentiment d'urgence des couples. Ils se sentiraient probablement moins pris à la gorge, ils auraient sûrement moins l'impression d'avoir une seule chance à tenter. Du même coup, ça réduirait les coûts liés aux naissances prématurées venant des FIV. Mais non, le gouvernement préfère payer pour autres choses, notamment les avortements. Il rembourse même celles qui ont dû aller au privé pour le faire... Enfin, autre débat...

Bref, je comprends pourquoi ces couples prennent cette décision. Je sais que les médecins ne sont pas tout blancs et qu'ils ont leur tord. Je ne vois pas, par contre, quel est leur avantage à pousser les couples à transférer plus d'un embryon car s'ils les poussaient à en transférr un seul à la fois, les clients reviendraient plus souvent, donc plus de sous dans leurs poches...

Ce qui m'a fait pleurer pendant le reportage est bien sûr la question de réduction embryonnaire. Heureusement, comme le disait le médecin qui la pratique, elle n'a eu qu'à le faire une dizaine de fois. Ce n'est pas chose courante et je vois très bien pourquoi. Quand un couple se bat contre l'infertilité pendant des années, qu'il croit que jamais, ils ne seront parents et que tout à coup, ils se retrouvent portant 3 enfants, la décision vient à l'encontre de tout ce pourquoi ils se sont battus. Tout ce temps à vouloir un enfant et maintenatn qu'ils sont si près du but, ils doivent en tuer un... Quand ils considèrent les risques pour les autres bébés, quand ils sont au courant des risques de la grossesse multiple (et ils parlaient de triplés et quadruplés), ça doit entrer en ligne de compte pour leur décision. Une décision horrible à prendre et dont les parents ne se remmettent probablement jamais complètement. Mettons les choses au clair: les couples ne transfèrent pas 6 embryons en se disant "s'il y en a 3 ou 4 qui s'implantent, c'est pas grave, on les éléminera."

Bref... Problème: trop de naissances pématurées. Cause: trop d'embryons transférés lors de FIV. Cause: coûts trop élevés des traitements de fertilité. Solution: subventionner les traitements de fertilité. Ça semble tellement simple... trop simple peut-être?

5 commentaires:

  1. Merci de ton explication et du partage de ton expérience.

    Cependant, je continue de croire que si les embryons ne s'implante pas dans l'utérus, y doit bien y avoir une raison. Une copine faisait des fausses couches jusqu'à ce qu'ils se rendent compte qu'elle avait un utérus inversé (?) et donc quand celui-ci se ramenait vers l'avant ben si l'ovule s'était implanter trop près de la "jonction" ce renversement la décollait et donc elle perdait son bébé. mais il a fallu que quelqu'un s'en rendent compte.

    Je m'écarte mais bon merci :)

    RépondreEffacer
  2. J'ai pu écouter le reportage ce midi en reprise. Malheureusement, j'ai manqué les 10 premières minutes.

    Je crois aussi qu'une partie de la solution réside dans la prise en charge financière par le gouvernement. Une FIV, c'est pas donné, surtout qu'habituellement elle suit quelques années de traitements plus conventionnels (hormones, iac, iad, etc.) qui ne sont pas donnés eux non plus.

    Il faut vraiment vivre l'infertilité pour comprendre pourquoi tu peux en venir à te faire transferer plusieurs embryons... jamais tu ne vas penser que plusieurs vont s'implanter!

    RépondreEffacer
  3. @Nadia: Je disais plutôt ça dans le sens que pour moi, dire que l'infertilité est là pour une raison, c'est comme dire que les couples infertiles ne devraient pas avoir d'enfants, ne devraient même pas espérer en avoir... mais je comprends ce que tu veux dire.

    RépondreEffacer
  4. okiii désolée je n'avais pas vu que je pouvais laisser croire qu'il fallait se résigner. Au contraire, c'est peut-être simplement un signe pour certains d'adopter parce qu'un enfant les attends quelque part.

    Je suis peut-être trop idéaliste, mais je savais que quelqu'un m'attendais, on s'attendait et j'ai rencontré mon chum. Y'a rien qui arrive pour rien quoi ;)

    En passant, trop chou ton petit garcon :))

    RépondreEffacer
  5. Je pense aussi que rien n'arrive pour rien, mais "vous avez juste à adopter" est une des pires choses à dire à un couple infertile qui essaie d'avoir des enfants...

    Je ne dénigre en rien l'adoption, mais laisser tomber le rêve d'avoir notre enfant, un être créé de notre sang, notre chaire, notre amour, c'est plus facile à dire qu'à faire, surtout par ceux qui n'ont jamais eu à considérer cette option sérieusement...

    Je sais que les parents qui adoptent sont super heureux de leur choix, mais ça n'empêche pas que le chemin qu'ils doivent prendre pour s'y rendre, pour certains, est très, très difficile. Et qu'il y a le deuil de "l'enfant biologique" à faire...

    Oh, et merci pour ton compliment! ;)

    RépondreEffacer