6 janvier 2006

J'ai peur, mais je suis prête

On dit que toutes les femmes ont peur, à un certain moment, à l'idée de devenir maman. Je sais que j'ai peur, depuis le début de la grossesse. Mes peurs ont changé, évolué avec le bébé. Je n'ai plus peur des mêmes choses qu'à 5, 10 et 20 semaines. Maintenant que l'accouchement approche, que le grand moment est si près, mes peurs sont très palpables. J'ai peur, mais en même temps, je ne me suis jamais sentie aussi prête.

L'accouchement
J'imagine que c'est la peur la plus courante et la plus normale. C'est inconnu et c'est inévitable. Quand je ne connais pas quelque chose et que je ne peux me pratiquer, je me tourne vers l'information. On dit que la connaissance est le pouvoir, donc je lis et je m'informe. J'ai posé des questions, lu des tonnes de témoignages, de textes, de brochures. J'ai bien écouté à mes cours prénataux. J'ai pratiqué la visualisation à tous les soirs. Je fais aller mon imagination de mon mieux, visualisant toute situation possible et impossible, essayant de voir comment je réagirais, comment je vivrais chaque étape. Et je sais concrètement que peu importe à quel point je me préparerai, peu importe à quel point mon imagination se fera aller, une fois le jour J arrivé, ça ne ressemblera à rien de tout ça. J'ai beau essayer de m'imaginer avoir mal comme je n'ai jamais eu mal, je suis convaincue qu'une fois les contractions arrivées, je trouverai que c'est bien loin de ce que je pouvais imaginer!

Au-delà de la douleur, j'ai peur que ça ne se déroule pas comme je l'aurais voulu. J'ai peur que quelque chose ne tourne pas rond, qu'il y ait un problème. J'ai peur de devoir avoir une césarienne. Même si je sais que bien des femmes passent par là et qu'on s'en remet, la césarienne me fait plus peur que l'accouchement naturel. Je tiens à un accouchement le plus naturel possible et je sais que je serais très déçue de devoir passer sur la table d'opération. Oui, le plus important, c'est la santé du bébé et la mienne. Je suis parfaitement d'acord. N'empêche que ce serait un gros rêve que je devrais laisser tomber. Sans compter que c'est une opération, que je n'aurais pas le contrôle, que je ne pourrais pas tenir mon bébé contre mon coeur dès sa naissance...

Mais ma plus grande peur, c'est que bébé ne soit pas en parfaite santé. Et cette peur, je ne peux rien faire pour la minimiser. Il n'y a pas de préparation, pas d'imagination assez forte pour ça.

Devenir maman
Ça ne s'apprend pas dans les livres, c'est bien connu. J'ai quand même beaucoup lu, essayé de me préparer à ça du mieux que je pouvais. Je ne crois pas que le fait d'avoir gardé des enfants pendant mon adolescence m'ait préparé de quelque manière que ce soit. Alors bon, je sais comment donner un bain, comment changer une couche, comment mettre un pyjama. Je sais bien des petits détails techniques. J'ai bien lu mon Mieux Vivre. Malgré tout, j'ai peur de ne pas être une bonne mère, de ne pas savoir quelle décision prendre, de ne pas être capable de gérer tout ça. J'ai peur de faire les mêmes erreurs que ma propre mère, involontairement. J'ai peur que mon enfant ne me trouve pas "cool". Je sais que ce ne sera pas toujours rose, que je serai fatiguée et irritable par moments. Je sais que ce ne sera pas facile. J'ai peur de ne pas être capable d'être maman.

Le couple
Nous sommes ensemble depuis presque 10 ans. Nous avons traversé plusieurs tempêtes ensemble. Les années d'infertilité nous encore plus rapprochés. Je sais que nous sommes forts ensemble. À deux, nous pouvons tout affronter. Un enfant, ça change la dynamique d'un couple, c'est certain. J'ai peur que ça le change trop, mais ce n'est qu'une petite peur. Je sais que nous nous ajusterons. J'ai peur qu'on s'oublie un peu, qu'on ne prenne plus le temps de passer des soirées tous les deux, comme on le faisait si souvent, tout naturellement. Je n'ai pas peur que notre couple se brise, j'ai confiance en nous et en la solidité de notre amour. J'ai seulement peur du changement, car je ne sais pas à quoi m'attendre, tout en sachant que ce sera inévitable.

Mon corps
Tout au long de la grossesse, mon corps a changé. J'ai fait de mon mieux pour le garder en forme, pour ne pas prendre trop de poids et pour rester en santé. J'ai eu la chance d'avoir une grossesse idéale, sans malaise, sans anicroche. Bien sûr, le temps a fini par me rattraper. Mes chevilles sont enflées, mon ventre est lourd, mon dos courbé... Je ne me sens plus du tout sexy. Autant qu'à 6 mois, je ne m'étais jamais senti aussi belle, aussi féminine de toute ma vie qu'aujourd'hui je me sens moche et gonflée. Je sais que mon corps ne sera plus jamais comme avant. J'ai peur de ne pas être capable de perdre les livres en trop, de ne pas être capable de prendre soin de moi et de me sentir sexy à nouveau. C'est peut-être un peu superficiel, mais me sentir bien à l'extérieur me donne confiance et m'aide à aller de l'avant.

La famille
Une peur un peu plus ridicule, celle de la famille. En fait, j'ai peur que la famille, que ce soit la mienne ou celle de Hom, soit toujours ici. J'ai peur qu'on débarque chez nous sans avertir et qu'on colle alors que je veux me reposer ou allaiter mon bébé en paix. J'ai peur de ne pas être capable de leur dire de s'en aller. J'appréhende les conseils non sollicités, les "tu devrais faire ci" et les "tu vas voir..." Je suis consciente que c'est le premier bébé de la famille, qu'ils seront tous heureux de son arrivée. Je ne veux rien leur enlever à leur bonheur de devenir grands-parents ou oncles, tantes... J'ai seulement peur d'avoir de la difficulté à tracer la ligne... Et j'ai surtout peur qu'ils ne fassent pas confiance en nos compétences de parents.


Je peux sembler angoissée comme ça, avec toutes ces peurs. Mais non. Pour moi, être consciente d'une peur, c'est l'apprivoiser et m'y préparer. Ce sont toutes des craintes normales qui viennent et qui passent. Je ne m'empêche pas de dormir avec ça, mais je préfère y faire face maintenant, à tête reposée. Penser à mes peurs, les regarder de tous les côtés, ne fait que m'aider à les affronter. Je suis zen, je suis prête, malgré la peur.

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