C'est incroyable. Je me réveille un matin, je me rends compte tout d'un coup que je suis enceinte de 26 semaines, que mon décompte est passé sous la barre des 100 jours. Je réalise que dans 3 mois, je tiendrai mon bébé dans mes bras. Et puis je panique un peu. La chambre n'est pas faite, je n'ai pratiquement rien acheté (embargo de ma mère, j'en reparlerai plus tard), je n'ai pas lu tous les livres que je voulais lire, je n'ai pas pris autant de photos que j'aurais voulu, je n'ai pas vu le temps passer... et puis, je ne connais rien aux bébés!!!
Mais au-delà de la panique et des peurs normales d'une future maman, je ressens aussi un immense bonheur d'être rendue à 6 mois de grossesse. Je me sens tellement privilégiée, tellement choyée de vivre cette belle aventure, malgré le temps perdu à la faire démarer. Six beaux mois, sans vraiment de désagrément, sans côté négatif, sans anicroche. Bon, je dois l'avouer aujourd'hui, je ne vis peut-être pas une grossesse aussi parfaite et rose que je voudrais le laisser entendre. J'ai ma part de petits malaises, surtout ces derniers temps. On dirait que la grossesse m'a finalement ratrappée! Non seulement mon ventre a pris beaucoup d'expansion depuis le dernier mois, mais mon corps commence à vraiment ressentir les changements que Pépin lui apporte. Mon dos me fait mal depuis 2 semaines, j'ai de la difficulté à me lever du lit (où sont passé mes abdos?), j'ai même eu plusieurs épisodes du syndrôme du tunnel carpien (main et bras engourdis, surtout la nuit). Je marche en canard et je fais des petits ronds mouillés dans mes camisoles. Mais rien de tout ça n'arrive à la cheville des malaises émotionnels que nous avons surpassés pour arriver ici. Rien de tout cela ne me pousse à me plaindre ou à avoir hâte que tout se termine. Oui, bien entendu, j'ai hâte de rencontrer mon petit garçon. Mais j'apprécie encore chaque moment de ma grossesse, chaque coup de pied et coup de coude qui fait bouger mon ventre. Je me rends compte aujourd'hui qu'il ne me reste que 3 mois avec mon petit homme si près de moi. Il ne nous reste que 3 mois avant son arrivée. C'est si vite passé, 3 mois! Ce sera Noël dans le temps de le dire, puis les semaines débouleront avant l'arrivée de Pépin.
J'ai espéré et attendu ce moment si longtemps, je n'y croyais presque plus et maintenant que j'y suis plongée, j'ai encore peine à y croire. Ça a passé si vite, ces 5 derniers mois en compagnie de Pépin. Pendant des semaines, j'ai flatté mon ventre plat à chaque fois que je ressentais une crampe ou un tiraillement, en implorant Pépin de rester accroché, de rester avec nous. Je lui ai promis des tonnes de bisous, une montagne de crème glacée et de chocolat s'il restait avec moi pour 8 autres mois. J'ai pleuré de peur et d'angoisse de le voir partir trop tôt. Je me suis empêchée d'être heureuse, de peur d'encore une fois me faire voler mon bonheur. Je lui ai parlé sans arrêt, je lui ai donné des tas de bons arguments pour qu'il laisse une chance. Je considère chaque petit coup, chaque mouvement comme un petit lot gagné à la loterie. Je croyais qu'avec mon amertume et ma rage d'infertile, je ne pourrais pas profiter aussi pleinement de ma grossesse que si ça avait été plus facile. Ça m'a pris du temps avant de me laisser être heureuse librement, mais j'y suis arrivée. Apprécier être enceinte et être joyeuse publiquement n'enlève rien à ce que nous avons vécu et ne me met pas dans le camps des fertiles pour autant. Je crois seulement qu'après avoir été malheureuse si longtemps, non seulement j'ai le droit d'apprécier ce que j'ai aujourd'hui, mais je me le dois. Je nous le dois, à Hom, à moi et à tous les couples infertiles qui rêvent d'avoir ce que nous avons. J'ai le droit de le crier sur tous les toits, j'ai le droit de flatter ma bédaine en public, j'ai le droit de rougir de bonheur quand bébé donne un coup de pied sous mon nombril. J'ai acquis ces droits, avec tout ce que ça implique, à la sueur de mon front et aux larmes de mon coeur.
Dans 3 mois, bébé entrera dans nos vies d'une nouvelle façon. Dans 3 mois, nous ne serons plus futurs parents, mais parents. D'ici là, je vais continuer à savourer chaque moment passé avec lui si intimement lié à moi. Si 6 mois, ça a passé vite, je n'ose même pas imaginer comment les 3 prochains fileront comme des flèches!
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