Mon bureau était un vrai fouillis. Je me suis finalement décidée à y faire un bon ménage cet après-midi. Des tonnes de vielles factures pêle-mêles, des comptes, des dossiers, des cartes de fête, des revues... tout ça étalé sur le plancher de mon bureau. Je suis pourtant une fille très ordonnée et hyper organisée. J'avais laissé tomber le rangement des papiers plus ou moins importants il y a 2 mois et ça s'est accumulé... Bref, j'étais dûe!
Sur mon bureau, j'ai toujours un calendrier de table. Je m'en sers à tous les jours, j'écris dessus, je prends des notes, il me sert aussi de sous-verre... À chaque mois j'arrache la grande page pour en découvrir une toute neuve. Je garde toujours celle du mois précédent pas trop loin, au cas où j'aurais besoin de retourner en arrière, pour les notes ou des dates. Je place les anciens mois pliés dans une partie de mon classeur. En faisant le ménage, je suis tombée sur plusieurs feuilles de calendrier. En fait, sur presqu'un an en feuilles barbouillées... Je regardais les mois qui venaient de passer, je voyais des petits chiffres représentant les semaines de grossesse. Ça m'a fait sourire. Puis, reculant encore plus loin, il y avait encore plein de petits chiffres... Des jours post-ovulation, des jours de cycle, des anniversaires bizarres (fausse-couche, essais...), plein de souvenirs d'infertilité, griffonnés en tout petit dans des coins de carreaux sur un vieux calendrier. Ça m'a fait tout drôle de revoir ça. J'avais presque l'impression de fouiller dans les souvenirs de quelqu'un d'autre. Pourtant, il n'y a pas si longtyemps, c'était ma réalité. Tout était compté: la température, les jours, les espoirs. Il n'y a pas si longtemps, je rêvais d'être enceinte, je calculais mes jours, j'osais voir dans l'avenir: 2 semaines plus tard. Je ne voyais jamais plus loin, je ne voulais pas tomber de trop haut. Tous les matins, j'entrais ma température sur FF, puis sur mon tableau dans mon cartable qui renfermait tout de mon histoire d'infertilité: mes courbes depuis le début, mes prescriptions, ma documentation, mes copies de dossiers. Je calculais les jours qu'il me restait à attendre, je regardais tout des dizaines de fois, au cas où un détail m'aurait échappé et que je devinerais tout d'un coup que ça y était. J'étais tannée, épuisée, découragée, mais ça faisait partie de ma routine. Je ne m'en rendais presque plus compte, c'était rendu tellement naturel pour moi de suivre cette routine et de tout compter, encore et encore. Ça faisait partie de moi, de mes journées, de ma vie, point. J'espérais que ça change, mais je ne voyais pas vraiment ma vie autrement.
Toutes ces pages de calendrier, tous ces petits chiffres et ces journées écoulées à espérer, c'est terminé. J'ai tout mis au recyclage. Je ne peux oublier ces mois, ces jours vécus dans l'incertitude, la frustration et l'espoir, mais ils ne font plus partie de ma réalité d'aujourd'hui. Peut-être revivrai-je tout ça un jour, mais pour le moment, j'ai une toute autre réalité. Une réalité qui bouge dans mon ventre, qui me fait remercier l'univers à chaque jour pour la chance que nous avons de vivre ce que nous vivons. Une réalité bien plus belle que ce que j'aurais pu imaginer pendant toutes ces heures à tout compter et calculer.
Ça fait du bien de faire du ménage de temps en temps...
8 septembre 2005
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Tu sais tellement comment je me reconnais en ce que tu décris...
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