22 avril 2012

Mon père va mourir

J'ai terriblement mal. J'ignore comment gérer cette douleur. J'ignore comment l'apprivoiser. Je ne veux pas l'apprivoiser. Je veux la faire disparaître. Je veux que ma vie redevienne comme avant. Mais c'est impossible. Je voudrais me réveiller, sortir de ce cauchemar. Mais c'est réel, c'est là, c'est vrai.

Mon père va mourir. Nous ne savons pas quand, mais ce sera bien plus tôt que je ne l'aurais jamais imaginé. Il n'a que 62 ans. Je voyais encore sa vie s'allonger de 15, même 20 ans. Mais non. Il ne se rendra même pas à 65 ans. Depuis février, sa vie a basculé. La nôtre en même temps. Il a tranquillement commencé à se sentir mal. Il mettait son état sur une opération (mineure) à la prostate qui tardait. Il s'est finalement retrouvé à l'urgence un soir, plus capable de respirer. Ils lui ont retiré 4 litres d'eau sur son poumon gauche. Ont suivi les tests, les questions, l'attente, l'inquiétude. Après quelques semaines, nous savions qu'ils avaient trouvé des cellules cancéreuses. Après un mois, ils a subi une intervention au poumon. Nous apprenions la semaine suivante que ça n'avait pas fonctionné. L'eau revenait sans cesse. La tumeur était maligne. Mais il fallait attendre les résultats de la biopsie.

Attendre. Des semaines à craindre le pire tout en espérant le moins pire. Attendre et s'inquiéter. Attendre et finir par un peu oublier que ce nuage flottait au-dessus de nos têtes. Attendre et pleurer à l'idée que mon papa était malade, très malade. Que même dans le scénario le moins pire, l'espoir n'était pas énorme.

Puis, jeudi dernier, le choc. Les résultats, pires que nous croyions. Mésothéliome. Traitements de radiothérapie qui commenceront cette semaine, mais sans grand espoir de guérison. Ce sont des soins palliatifs, pour diminuer sa douleur.

J'ai mal. Mon père va bientôt mourir et rien ni personne ne peut l'empêcher. Les idées et les émotions se bousculent en moi. Je pense aux enfants, qu'il ne vera pas devenir des adultes. Je pense aux enfants qui auront de la peine de perdre leur grand-papa de qui ils sont si proches. J'ai peur qu'ils l'oublient. Je pleure à l'idée que Bébé ne le connaîtra pas. Je pense à moi, qui suis proche de lui aussi et qui croyais avoir encore du temps avec lui, à discuter, à apprendre. Je pense à lui, qui voit sa vie soudainement lui glisser entre les doigts. Je pense à sa conjointe qui voit l'amour de sa vie mourir à petit feu et leurs projets de retraite s'éteindre brusquement. Je pense à ce qu'il aura à subir, à souffrir. Je pense trop, je le sais.

J'ai mal, je suis frustrée, enragée, triste, démollie. J'en veux à la terre entière. Je me dis que ce n'est pas vrai. Je trouve cela injuste. Je me demande pourquoi c'est lui. Pourquoi ce n'est pas le conjoint de ma mère ou mes grands-parents qui attendent la mort depuis si longtemps. Et je m'en veux de penser tout ça.

Je ne sais pas comment aborder le sujet avec les enfants. Je ne sais même pas si je dois leur en parler. Ils savent que grand-papa est malade, car ils ne vont plus se faire garder chez eux depuis 2 mois. Tithom était venu au début le voir à l'hôpital avec moi. Ils lui ont fait de beaux dessins, lui écrivant de guérir vite. Des dessins remplis de coeurs et d'amour.

On nous dit de prendre les choses un jour à la fois. C'est si difficile. On essaie de se préparer au pire, pour se protéger. Se protéger de quoi, au juste? Le coup sera dur, peu importe. Très dur. Trop dur. Je ne suis pas prête (l'est-on un jour?) à perdre mon père. Je ne veux pas. Pas mon père. Pas leur grand-père. C'est trop.

J'ai mal. Ma vie ne sera plus jamais la même. Il y aura un trou immense...

16 commentaires:

  1. Je t'envoie tout le courage nécessaire pour trouver la paix à travers tout ça... C'est jamais facile de perdre quelqu'un qui nous est cher... :(

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  2. Je ne sais pas quoi dire, qu'est-ce qu'il y aurait à dire de toute façon... un gros calin pour toi et ta famille.
    xxx

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  3. :-((( Vraiment désolée, c'est épouvantable...comment notre vie peut basculer du jour au lendemain...Câlins à toi, je te souhaite beaucoup de courage xoxoxox

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  4. Comme Ysa, je n'ai rien à dire. Rien à dire qui pourrait apaiser ta peine. Rien à dire qui pourrait te soulager. Tu as le droit d'être faché et tu as le droit d'être triste. Je sympathise de tout coeur avec toi et je te fais un énorme caresse xxxx

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  5. Je t'envoie tout mon soutien... Je crois que je n'arrive même pas à imaginer...

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  6. Ouf... La mort d'un être cher est toujours difficile. Je ne sais jamais quoi dire en ces moments là et franchement je pense qu'il n'y a rien qui soit d',un grand réconfort, on n'entend pas souvent ce qu'on voudrait au bon moment... Je vous offre tout mon courage en cette dure période et je souhaite de tout mon coeur que tout se passe pour le mieux, je t'envoie une grosse dose d'amour virtuelle! xxx

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  7. Julie/Loulie02 mai, 2012 11:58

    C'est injuste. Mon père est cardiaque et cette menace plane sans cesse depuis sa première crise d'angine en 1997.

    Puis il y a 5 semaines, quelques jours avant mon 34e anniversaire, mon père a eu une biopsie qui a mal tournée. Hémorragie, transfusions multiples, soins intensifs, tout le bataclan. Il est passé à deux doigts d'y rester. Et j'ai eu peur. Et j'ai pleuré et j'ai eu mal. Et je me suis rendu compte à quel point je ne suis pas prête à ce que ce grand homme quitte ma vie. Vraiment pas.

    Alors je pleure avec toi et je te fais le plus grand des câlins.

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    1. Je ne suis pas prête non-plus. Tellement pas. Je crois que nous ne le sommes jamais vraiment, mais je pense tout de même qu'à un certain moment, la mort est plus "normale", moins "faucheuse"...
      J'espère que ton papa ira mieux et vivra encore longtemps, longtemps.

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  8. C'esr difficile de s'imaginer que nous allons perdre nos parents. 62 ans, c'est jeune... Mon père est décédé à l'âge de 56 ans d'un cancer agressif du poumon. Il n'a donc pas vu ses petits enfants ni assurer au mariage de ses filles. On apprend à vivre avec le "trou" immense qu'il laissera derrière lui. J'ai encore de la colère contre la vie de me l'avoir enlever. Je lui demande souvent de nous protéger. Je me demande ce que ce serait s'il était parmi nous. Comment il serait avec mes enfants. Il aura eu la chance ton papa d'avoir eu le bonheur d'être un papa fière de ses enfants et de ses petits-enfants.

    Courage pour la suite des choses. Profites du maximum du temps que vous avez. Faire le plein d'amour et de souvenirs.

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    1. Merci Ed. C'est sûrement ça qui fait le plus mal: tous les rendez-vous manqués, les choses qu'il ne verra pas...

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  9. Merci à vous toutes pour vos bons mots. Ça me touche beaucoup.

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  10. Je suis vraiment désolée pour toi... Le conjoint de ma mère est décédé l'an passé de cette maladie, je te comprend, prenez soin de lui car malheureusement ça peut de dégrader vite. Dites lui que vous l'aimez c'est ce qui compte le plus. Si tu as des questions je suis pas loin.

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  11. Je suis passée par là l'an passé... Mon père est décédé de cette maladie de m**** en décembre dernier. Enceinte de mon 2e à ce moment là, je me suis retrouvée en lisant ton billet. Quelle injustice, vraiment quand beaucoup d'autres méritent tellement la mort...

    Bon courage à toi et toute ta famille et tes proches.
    C'est une épreuve difficile, et la plaie ne se referme malheureusement jamais complètement.... xxx

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  12. Quelle tristesse... je partage ta douleur pour avoir vécu le même scénario avec ma grand-mère. Ce n'était pas la même maladie, mais la mort qui approche et dont on peut rien faire... On est jamais prête. ♥

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  13. J'ai perdu mon père il y a un mois. Je n'avais jamais véçu une émotion aussi douloureuse. Aucun temps de préparation psychologique n'a faite une différence. Après tout, je savais qu'il vieillissait et qu'il était malade. Et subitement, un samedi matin, il n'était plus....

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