2 février 2007

Plonger, après un an

Je suis troublée. Ce matin, j'ai oublié d'allaiter Tithom après son déjeuner. Alors qu'à l'habitude, je le sors de sa chaise pour l'amener sur le divan où on se colle et où il boit, bien tranquille en me jouant dans les cheveux, ce matin, je ne sais pas pourquoi, je l'ai déposé par terre après l'avoir débarbouillé. Est-ce que le chat réclamait la porte? Est-ce que la vaisselle sale m'appelait? Est-ce que Hom me parlait? Je ne m'en souviens pas. Je sais seulement que vers 10h30, je me suis soudainement apperçue que je n'avais pas allaité Tithom et que ça devait être une des raisons de son bougonnage excessif.

J'ai donc immédiatement remédié à la situation. Et j'ai eu droit à un moment de pur bonheur alors que mon grand bonhomme s'est endormi contre moi, le sein encore dans la bouche, après s'être saoulé de mon lait. Je le tenais dans mes bras, tout mou, tout chaud, les yeux pleins d'eau. Comme quand il était mini.

Bientôt, tout ça sera terminé. Bientôt, je ne pourrai plus saouler mon fils avec mon lait.

Je dois me rendre à l'évidence. Le sevrage achève, mon allaitement tire à sa fin. J'aime toujours allaiter, mais je me sens prête à passer à autre chose. Prête, mais en même temps, je sais que ça va me manquer et que je trouverai la coupure difficile. Pour me remonter le moral, je ne peux même pas me dire qu'un jour, j'allaiterai à nouveau, car qui peut me garantir ça? Et même si un jour, j'ai la chance d'allaiter un 2e bébé, ce ne sera plus jamais Tithom. Ce bout de chemin avec lui sera fini.

En même temps, quand je pense à retourner voir le doc, à recommencer à "faire quelque chose" dans le but de tomber enceinte, quand je pense à avoir droit à un petit espoir à chaque cycle, plutôt que de seulement passer le temps entre les saignements, ça me donne des papillons. J'ai hâte de recommencer les essais, même si je sais que ce ne sera peut-être pas (probablement pas) facile. Je suis prête, nous sommes prêts à recommencer tout ça.

Le choix de sevrer Tithom en est un tout à fait égoïste dans mon cas. Il ne s'est pas sevré par lui-même (ce qui aurait réglé le cas de ma culpabilité), je ne le sèvre pas pour un retour au travail puisque je travaille de chez moi. La décision est faite par moi, pour moi. Et c'est probablement là où se trouve mon hésitation, mon sentiment de culpabilité. Je le sèvre parce que je veux passer à autre chose, parce que nous voulons recommencer les essais bébé, parce que je veux un peu me réapproprier mon corps, parce que je veux pouvoir recommencer à soigner mon psoriasis, parce que je veux pouvoir prendre des médicaments quand j'ai le rhume, parce que... parce que. Je ne me justifie pas, car je sais que j'ai déjà beaucoup donné (un an, c'est pas rien!) et que je n'ai de compte à rendre à personne. Est-ce que j'aurais aimé l'allaiter plus longtemps? Si je n'avais pas commencé le sevrage et si j'avais pu tomber enceinte quand même, oui, c'est certain que j'aurais aimé continuer plus longtemps. Mais ce n'est pas le cas. Et mon désir de faire un autre enfant, pas trop éloigné en âge si possible, est maintenant trop fort pour arriver à le faire taire.

Il restera toujours une petite partie de moi-même qui m'en voudra, qui me dira que j'aurai privé mon fils de quelque chose de bon simplement parce que je n'arrivais pas à contrôler mon horloge biologique. Mais cette partie est bien petite et l'autre partie de moi, celle qui est incroyablement fière d'avoir allaité un an, celle qui sait qu'elle a accompli énormément, qu'elle a donné ce qu'il y a de meilleur pendant une année, celle-là est bien plus grande et bien plus importante. Et elle sera sereine éventuellement, j'en suis certaine.

Maintenant... me reste encore le dernier boire à couper... faut faire le grand saut, pincer mon nez, fermer les yeux et plonger...

3 commentaires:

  1. Ça ne doit pas être facile, honnêtement, je ne peux pas comprendre, n'étant pas encore rendue à ce point, mais 1 an, c'est vraiment bien :) Félicitation pour tout ce que tu as donnée à ton tithom et ce que tu continues de lui donner !!!

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  2. Comme tu dis, tu as donné le meilleur de toi-même, 1 an c'est beaucoup! Bon travail, Kiwi! Je te lève mon chapeau!

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  3. Tu pêux etre fiere!
    Je comprend tres bien le sentiment de vouloir te réaproprier ton corps....je l'ai vécu aussi....la coupure est difficile, mais une chance elle ne fait pas mal longtemps....
    Bon courage

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