5 mars 2005

Amertume

Au risque de passer pour une plaignarde, j'ai encore un coup de blues aujourd'hui... Je ne suis pas une personne qui se décourage facilement. Je ne suis pas quelqu'un qui lâche prise rapidement et qui se laisse marcher sur les pieds. Mais à force de tomber, mes genoux sont maganés et j'ai de plus en plus de misère à avancer. Et ce mois-ci, on dirait que tout fait exprès pour me garder à terre... Je voudrais bien me faire croire que ça va arriver, je voudrais bien avoir autant d'espoir que j'avais le cycle dernier. Mais je n'y arrive pas. Je ne suis plus capable de croire aux contes de fées et de me dire que moi aussi, ça va m'arriver. Il y a de plus en plus de jours où je me dis que je n'aurai jamais d'enfant dans mon ventre. Je suis déterminée, acharnée, persévérante et tête dure, mais il y a des limites à mon obstination. Je ne vois pas le jour où je baisserai les bras et dirai "ok, j'arrête de me battre", mais pourtant, je sais qu'il n'est pas si loin... Je sais qu'un jour où l'autre, on devra prendre la décision (peut-être malgré nous) d'arrêter les traitements. Et ce jour me fait très peur. Je ne veux pas laisser tomber, mais en même temps, je ne crois pas pouvoir tenir ce rythme d'essais et échecs bien longtemps. Je ne sais pas encore combien de temps mon corps endurera les tests, les médicaments et la pression. Je me croyais forte, au-dessus de tout ça, prête à tout, mais je ne peux plus nier ma fatigue, autant physique que mentale, je ne peux plus ignorer l'épuisement et la douleur. Je vais devoir éventuellement faire de gros travaux de réparation et de guérison sur mon corps et mon coeur. Je ne parle jamais de ce qui se passe dans ma tête et mon coeur. Je ne partage pas toute la détresse, la tristesse et la rage qui bouilonnent en moi. Il n'y a pas de place pour ce genre d'émotions dans un monde où les enfants, bébés et femmes enceintes poussent comme de la mauvaise herbe. Les infertiles amers doivent rester cachés, isolés et se taire. Je suis fatiguée de mener une double vie, de devoir laisser mes tourments dans une petite boîte chez moi, d'afficher un sourire et de mener une vie "normale" pendant que mon coeur se défait en miettes. Je ne peux pas dire que je ne suis pas heureuse, ni bien, mais il y a un très grand vide dans nos vies. Un vide qui ne sera probablement jamais comblé, même si un jour nous avons un enfant. Toute cette bataille restera à jamais gravée en nous, comme une grosse cicatrice sur nos coeurs. La plaie se guérira, la douleur diminuera, mais la cicatrice sera là et nous ne l'oublieront jamais.

2 commentaires:

  1. "Je ne peux pas dire que je ne suis pas heureuse, ni bien, mais il y a un très grand vide dans nos vies. Un vide qui ne sera probablement jamais comblé, même si un jour nous avons un enfant. Toute cette bataille restera à jamais gravée en nous, comme une grosse cicatrice sur nos coeurs. La plaie se guérira, la douleur diminuera, mais la cicatrice sera là et nous ne l'oublieront jamais."

    C'est si bien dit, si juste et si vrai! Je viens tout juste de découvrir ton blog, et ça fait encore et toujours du bien de voir qu'on n'est pas la seule...

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  2. Merci, Mayana!
    Et bonne chance à toi!

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