J'avais oublié comment tenir un nouveau-né.
J'avais oublié comment lui mettre un pyjama.
J'avais oublié que les journées passent si vite lorsqu'elles sont remplies de boires, de couches et de siestes.
J'avais oublié ce que c'était de ne pas être enceinte.
J'avais oublié que j'avais des chevilles.
J'avais oublié qu'il y avait plus qu'une position pour dormir.
J'avais oublié ce que c'était d'allaiter un bébé tout mou pas de dent.
J'avais oublié à quel point un peu de fond de teint et de mascara peuvent camoufler un manque de sommeil.
J'avais oublié la douceur des petits cheveux frais lavés, des joues pleines de lait, des petits poings serrés.
J'avais oublié à quel point ma cage thoracique était élastique, pour faire de la place à mon coeur grandissant.
J'avais oublié que prendre ma douche et me coiffer serait un luxe.
J'avais oublié la sensation de se faire régurgiter dans la craque de seins.
J'avais oublié que les bébés ont un sixième sens qui les réveille dès que notre repas est servi.
J'avais oublié les petits boutons sur les joues, le nombril, les fesses rouges.
J'avais oublié le mal de dos.
J'avais oublié la fatigue.
J'avais oublié la tonne de lavage.
J'avais oublié le manque de temps.
Mais je n'avais pas oublié l'immense bonheur de tenir une petite boule chaude dans ses bras et de le regarder, les larmes aux yeux, en se disant "c'est mon garçon."
29 mars 2008
19 mars 2008
Longue histoire courte
Mardi le 11 mars, mon médecin me disait, encore une fois, qu’aucun travail n’était fait. Comme j’avais dépassé ma date prévue d’accouchement, il me donnait rendez-vous la semaine suivante pour parler induction. Si le bébé ne voulait pas sortir de lui-même, nous allions devoir l’aider.
J’étais déçue, c’est certain, de devoir passer par l’induction. Mais je m’étais faite à l’idée et je restais zen. J’allais voir mon fils d’ici une semaine.
Jeudi, dans l’après-midi, je vais à la toilette et je suis surprise de découvrir un peu de bouchon muqueux sur le papier. Eh bien, on dirait que mon col travaille. Je sais que la perte du bouchon en soi ne veut pas dire grand chose, mais je suis quand même contente de savoir que mon col a décidé de se préparer un peu. Ce qui se fait tout seul n’aura pas à être fait le jour de l’induction, après tout.
Vendredi, je perds plusieurs autres morceaux de bouchons. Les contractions que j’ai depuis la 18e semaine de grossesse et qui ne servent à rien changent un peu. D’un simple serrement de ventre, elles sont maintenant accompagnées d’une lourdeur un peu inconfortable. Rien de douloureux et surtout pas régulier, mais je m’en réjouis quand même.
Mon chum avait pris congé pour deux jours de la semaine suivante, espérant se reposer avant l’induction. Il est entré plus tôt vendredi. Il va faire une petite épicerie et apporte à souper. Nous mangeons en famille, ignorant que ce sera notre dernier repas à 3. J’ai des contractions plus fréquemment, mais encore de façon très irrégulière. Je prends un bain avec Tithom et elles semblent arrêter. Nous couchons Tithom pour la nuit et descendons regarder un peu de télévision. Mes contractions se font plus fréquentes, entre 12 et 6 minutes d’intervale, mais diminuent lorsque je me couche sur le côté gauche.
Je vais au lit vers 22h. Je dors sur le côté gauche, me faisant réveiller de temps en temps par une contraction. Elles sont un peu plus douloureuses, mais je les contrôle en respirant, à moitié endormie, et je me rendors entre chacune. Puis, graduellement, je me rends compte que j’ai de moins en moins le temps de me rendormir entre mes contractions. Je réveille Hom et lui demande de calculer. Il est 1h du matin. Mes contractions sont aux 4 minutes. Après 20 minutes sans changement, je me fais couler un bain chaud. C’est très difficile de supporter les contractions dans une position semi-assise dans le bain, mais j’y reste quelque temps. Elles passent à 3 minutes, puis rapidement à 2 minutes. Elles durent une minute et deviennent de plus en plus douloureuses. J’essaie autant que possible de bien respirer, mais c’est de plus en plus difficile. Je sens que ça pousse et je vais à la selle plusieurs fois. Hom appelle la maternité de l’hôpital. La dame veut me parler. Elle me dit que comme ç’a été long pour mon premier et que je n’avais aucun travail de fait mardi, je suis probablement mieux de faire encore une heure chez nous, plutôt qu’à l’hôpital. J’accepte, un peu à reculons. Je ne me vois pas endurer tout ça encore une heure, mais je comprends que ça ne donnerait rien de plus de le faire à l’hôpital.
Quinze minutes plus tard, j’ai changé d’idée. Je n’en peux vraiment plus. C’est insuportable, je ne peux pas croire que ça va durer encore des heures comme ça. Hom appelle mon père et sa conjointe, qui viendront garder Tithom chez nous. Nous prenons une dernière photo du bedon et je m’habille pendant que Hom termine la valise. À chaque contraction, nous devons tout arrêter. Je me pends au cou de mon chum, je souffle, je souffre. La seule façon pour moi de supporter les contractions est au cou de mon amoureux, sur la pointe des pieds, les jambes bien tendues, tous les muscles contractés en même temps.
Mon père et sa conjointe arrivent. Nous partons, après nous être arrêtés 3 fois entre la chambre et la porte d’auto parce que j’avais des contractions. Les conditions sont laides, la route est glissante. Heureusement, elle est aussi déserte. Hom roule prudemment, mais ne fait qu’un arrêt aux lumières rouges. Mes contractions deviennent rapidement horriblement douloureuses. Ça pousse, ça fait très mal dans mes jambes et comme je suis assise, je n’ai aucune façon de faire passer le mal autrement qu’en criant, en tirant sur la poignée au-dessus de la porte. Je m’y pends à chaque contraction, je me perds dans la douleur, je n’arrive plus à respirer. Quelque chose a changé, ça ne peut pas être aussi douloureux et ne pas être imminent. Mais en même temps, je me dis que je dois être autour de 4 ou 5 cm, puisque je n’ai pas crevé mes eaux. C’est pour moi inconcevable d’être plus avancée en si peu de temps et surtout, d’imaginer vivre tout ça encore des heures. Si ça me fait aussi mal là, qu'est-ce que ce sera quand j'aurai crevé mes eaux? À chaque contraction, une seule idée vient innonder mon esprit: la péridurale. Je la veux, je veux être libérée, je veux reprendre le dessus. Je me fous de mes beaux principes, je veux arrêter de souffrir. Je ne peux imaginer ce que seront mes contractions une fois les eaux crevées. Je n'ai plus le contrôle et je veux le reprendre.
Le chemin me paraît très long. Chaque bosse dans la route me fait très mal. J’ai l’impression que mon ventre bouge comme s’il était rempli d’eau. Nous arrivons finalement à l’hôpital. Je regarde l’horloge de la voiture une dernière fois. Il est 3h05 du matin. Nous sortons de la voiture, j’ai une contraction. Nous marchons vers l’entrée, nous arrêtant à chaque contraction. Il fait très froid, mais ça me fait du bien. L’entrée est barrée, nous devons entrer par l’avant de l’hôpital. Une bonne marche au froid, entrecoupée de contractions de plus en plus douloureuses et rapprochées.
En entrant dans l’hôpital, le gardien de sécurité m’offre une chaise roulante, que je refuse entre deux respirations. Je veux rester debout, c’est la seule façon que j’ai de passer les contractions sans hurler. Un gentil monsieur tient la porte de l’ascenceur ouverte pour nous, mais Hom lui dit de ne pas nous attendre car ça risque d’être long. Après ce qui me semble une éternité, nous arrivons à la maternité. Il n’y a personne au triage. La panique commence à me gagner. Mes contractions sont collées, douloureuses et je sens une énorme pression dans mon bassin, qui m’élance dans les jambes.
Une infirmière me dirige vers un des lits du triage et me demande de me déshabiller pour mettre la chemise d’hôpital. Les contractions m’empêchent de focusser, ce qui rend l’infirmière impatiente. Elle me force à me coucher. Je m’accroche au manteau de Hom. Il me dit de bien respirer, de faire mes fut-fut-fut pour ne pas pousser. L’infirmière m’examine et me dit “vous êtes complète.” Je m’écris “hein?!” Elle dit à une autre infirmière d’appeler le médecin, que je dois être transférée immédiatement en salle d’accouchement car je suis complète, mes membranes ne sont pas rupturées et bébé est encore haut. Elle me répète que je suis complète, je répète “hein?!” Dans ma tête, c’était pour moi impossible d’être rendue si loin, si vite, sans même avoir crevé mes eaux.
On me transfert sur une chaise roulante, ce qui me fait crier de douleur. On me dit que je ne dois pas rester debout et que je ne dois surtout pas pousser. Mon chum me dit doucement de bien respirer, que nous allons avoir un bébé très bientôt. Je n’y crois pas. Je suis dans une bulle, dans la brume, trop d’idées se bousculent dans ma tête.
On m’installe sur le lit. À chaque contraction, je tire le chandail de Hom, je m’accroche à ses bras, son cou, je veux qu’il me tienne. Le médecin arrive et romp mes membranes. Je sens le liquide chaud couler entre mes jambes. Ça y est, c’est le point de non-retour. C’est vraiment vrai, je vais accoucher là, maintenant. Il me dit de pousser dès que je sens que ça pousse. Ça me prend quelques secondes pour retrouver mes esprits et me concentrer. Mes pensées se contredisent. Je veux pousser pour me libérer, mais je ne veux pas pousser car j’ai peur. Je pousse de toutes mes forces, malgré la douleur. J’entends “la tête est là, continue!” Je pousse encore. Ça brûle, mais c’est beaucoup moins insuportable que les contractions. Une autre poussée. Hom me dit qu’on en est maintenant aux épaules. Une poussée. Un cri. Encore une autre poussée et je sens le corps de mon bébé sortir du mien et glisser entre mes jambes. Le mot délivrance n’aura jamais eu autant de signification qu’à ce moment-là.
On dépose sur moi un bébé tout rond, qui ouvre ses yeux vers moi. Il est beau, il est là, dans mes bras, déjà. Mon fils est né le 15 mars 2008, à 3h47 du matin. Je regarde Hom, incrédule. Déjà? C’est déjà fini? Je n’arrive pas à croire que tout s’est déroulé si rapidement et, malgré la douleur, si bien. Au fait, j’ai déjà oublié la douleur. Le bonheur immense, l’incroyable sentiment de puissance et de force ressenti au moment de la naissance de Tipépin ont déjà tout effacé.
Je tiens toujours mon bébé dans mes bras. Les infirmières l’essuient, il me regarde. Je délivre le placenta, puis le médecin me pique et me recouds car j’ai déchiré un peu. Je n’ai d’yeux que pour mon fils et pour mon chum, que je remercie d’avoir été si patient avec moi. Je me sens en pleine forme, je n’ai pas l’impression de venir d’accoucher. Je suis si heureuse, si sereine. Mon bébé est en pleine santé, il est tout rond et beau comme son grand frère.
Comme nous sommes tous curieux, une infirmière le pèse finalement. Il pèse 9 livres et 12 onces (4,4 kilos), mesure 54 cm et son tour de tête est de 37 cm. Je n’arrive pas à croire qu’un si gros bébé soit sorti de mon corps aussi rapidement!
Je le mets au sein très rapidement et il le prend comme un pro. Qu’il est beau! Que je me sens bien!
On me transfert à ma chambre quelque temps après. Je suis impressionnée de pouvoir me lever et marcher aussi aisément. Je ne ressens aucune douleur, seulement un peu de fatigue, vivement combattue par l’adrénaline.
Au cours de la première journée, je dois avoir dit 200 fois à Hom que je n’y crois pas, que ça ne se peut pas avoir accouché aussi rapidement, que ça avait été si long pour Tithom... J’ai l’impression de rêver et pourtant, il est bien là, dans le creux de mon bras, mon petit garçon.
J’étais déçue, c’est certain, de devoir passer par l’induction. Mais je m’étais faite à l’idée et je restais zen. J’allais voir mon fils d’ici une semaine.
Jeudi, dans l’après-midi, je vais à la toilette et je suis surprise de découvrir un peu de bouchon muqueux sur le papier. Eh bien, on dirait que mon col travaille. Je sais que la perte du bouchon en soi ne veut pas dire grand chose, mais je suis quand même contente de savoir que mon col a décidé de se préparer un peu. Ce qui se fait tout seul n’aura pas à être fait le jour de l’induction, après tout.
Vendredi, je perds plusieurs autres morceaux de bouchons. Les contractions que j’ai depuis la 18e semaine de grossesse et qui ne servent à rien changent un peu. D’un simple serrement de ventre, elles sont maintenant accompagnées d’une lourdeur un peu inconfortable. Rien de douloureux et surtout pas régulier, mais je m’en réjouis quand même.
Mon chum avait pris congé pour deux jours de la semaine suivante, espérant se reposer avant l’induction. Il est entré plus tôt vendredi. Il va faire une petite épicerie et apporte à souper. Nous mangeons en famille, ignorant que ce sera notre dernier repas à 3. J’ai des contractions plus fréquemment, mais encore de façon très irrégulière. Je prends un bain avec Tithom et elles semblent arrêter. Nous couchons Tithom pour la nuit et descendons regarder un peu de télévision. Mes contractions se font plus fréquentes, entre 12 et 6 minutes d’intervale, mais diminuent lorsque je me couche sur le côté gauche.
Je vais au lit vers 22h. Je dors sur le côté gauche, me faisant réveiller de temps en temps par une contraction. Elles sont un peu plus douloureuses, mais je les contrôle en respirant, à moitié endormie, et je me rendors entre chacune. Puis, graduellement, je me rends compte que j’ai de moins en moins le temps de me rendormir entre mes contractions. Je réveille Hom et lui demande de calculer. Il est 1h du matin. Mes contractions sont aux 4 minutes. Après 20 minutes sans changement, je me fais couler un bain chaud. C’est très difficile de supporter les contractions dans une position semi-assise dans le bain, mais j’y reste quelque temps. Elles passent à 3 minutes, puis rapidement à 2 minutes. Elles durent une minute et deviennent de plus en plus douloureuses. J’essaie autant que possible de bien respirer, mais c’est de plus en plus difficile. Je sens que ça pousse et je vais à la selle plusieurs fois. Hom appelle la maternité de l’hôpital. La dame veut me parler. Elle me dit que comme ç’a été long pour mon premier et que je n’avais aucun travail de fait mardi, je suis probablement mieux de faire encore une heure chez nous, plutôt qu’à l’hôpital. J’accepte, un peu à reculons. Je ne me vois pas endurer tout ça encore une heure, mais je comprends que ça ne donnerait rien de plus de le faire à l’hôpital.
Quinze minutes plus tard, j’ai changé d’idée. Je n’en peux vraiment plus. C’est insuportable, je ne peux pas croire que ça va durer encore des heures comme ça. Hom appelle mon père et sa conjointe, qui viendront garder Tithom chez nous. Nous prenons une dernière photo du bedon et je m’habille pendant que Hom termine la valise. À chaque contraction, nous devons tout arrêter. Je me pends au cou de mon chum, je souffle, je souffre. La seule façon pour moi de supporter les contractions est au cou de mon amoureux, sur la pointe des pieds, les jambes bien tendues, tous les muscles contractés en même temps.
Mon père et sa conjointe arrivent. Nous partons, après nous être arrêtés 3 fois entre la chambre et la porte d’auto parce que j’avais des contractions. Les conditions sont laides, la route est glissante. Heureusement, elle est aussi déserte. Hom roule prudemment, mais ne fait qu’un arrêt aux lumières rouges. Mes contractions deviennent rapidement horriblement douloureuses. Ça pousse, ça fait très mal dans mes jambes et comme je suis assise, je n’ai aucune façon de faire passer le mal autrement qu’en criant, en tirant sur la poignée au-dessus de la porte. Je m’y pends à chaque contraction, je me perds dans la douleur, je n’arrive plus à respirer. Quelque chose a changé, ça ne peut pas être aussi douloureux et ne pas être imminent. Mais en même temps, je me dis que je dois être autour de 4 ou 5 cm, puisque je n’ai pas crevé mes eaux. C’est pour moi inconcevable d’être plus avancée en si peu de temps et surtout, d’imaginer vivre tout ça encore des heures. Si ça me fait aussi mal là, qu'est-ce que ce sera quand j'aurai crevé mes eaux? À chaque contraction, une seule idée vient innonder mon esprit: la péridurale. Je la veux, je veux être libérée, je veux reprendre le dessus. Je me fous de mes beaux principes, je veux arrêter de souffrir. Je ne peux imaginer ce que seront mes contractions une fois les eaux crevées. Je n'ai plus le contrôle et je veux le reprendre.
Le chemin me paraît très long. Chaque bosse dans la route me fait très mal. J’ai l’impression que mon ventre bouge comme s’il était rempli d’eau. Nous arrivons finalement à l’hôpital. Je regarde l’horloge de la voiture une dernière fois. Il est 3h05 du matin. Nous sortons de la voiture, j’ai une contraction. Nous marchons vers l’entrée, nous arrêtant à chaque contraction. Il fait très froid, mais ça me fait du bien. L’entrée est barrée, nous devons entrer par l’avant de l’hôpital. Une bonne marche au froid, entrecoupée de contractions de plus en plus douloureuses et rapprochées.
En entrant dans l’hôpital, le gardien de sécurité m’offre une chaise roulante, que je refuse entre deux respirations. Je veux rester debout, c’est la seule façon que j’ai de passer les contractions sans hurler. Un gentil monsieur tient la porte de l’ascenceur ouverte pour nous, mais Hom lui dit de ne pas nous attendre car ça risque d’être long. Après ce qui me semble une éternité, nous arrivons à la maternité. Il n’y a personne au triage. La panique commence à me gagner. Mes contractions sont collées, douloureuses et je sens une énorme pression dans mon bassin, qui m’élance dans les jambes.
Une infirmière me dirige vers un des lits du triage et me demande de me déshabiller pour mettre la chemise d’hôpital. Les contractions m’empêchent de focusser, ce qui rend l’infirmière impatiente. Elle me force à me coucher. Je m’accroche au manteau de Hom. Il me dit de bien respirer, de faire mes fut-fut-fut pour ne pas pousser. L’infirmière m’examine et me dit “vous êtes complète.” Je m’écris “hein?!” Elle dit à une autre infirmière d’appeler le médecin, que je dois être transférée immédiatement en salle d’accouchement car je suis complète, mes membranes ne sont pas rupturées et bébé est encore haut. Elle me répète que je suis complète, je répète “hein?!” Dans ma tête, c’était pour moi impossible d’être rendue si loin, si vite, sans même avoir crevé mes eaux.
On me transfert sur une chaise roulante, ce qui me fait crier de douleur. On me dit que je ne dois pas rester debout et que je ne dois surtout pas pousser. Mon chum me dit doucement de bien respirer, que nous allons avoir un bébé très bientôt. Je n’y crois pas. Je suis dans une bulle, dans la brume, trop d’idées se bousculent dans ma tête.
On m’installe sur le lit. À chaque contraction, je tire le chandail de Hom, je m’accroche à ses bras, son cou, je veux qu’il me tienne. Le médecin arrive et romp mes membranes. Je sens le liquide chaud couler entre mes jambes. Ça y est, c’est le point de non-retour. C’est vraiment vrai, je vais accoucher là, maintenant. Il me dit de pousser dès que je sens que ça pousse. Ça me prend quelques secondes pour retrouver mes esprits et me concentrer. Mes pensées se contredisent. Je veux pousser pour me libérer, mais je ne veux pas pousser car j’ai peur. Je pousse de toutes mes forces, malgré la douleur. J’entends “la tête est là, continue!” Je pousse encore. Ça brûle, mais c’est beaucoup moins insuportable que les contractions. Une autre poussée. Hom me dit qu’on en est maintenant aux épaules. Une poussée. Un cri. Encore une autre poussée et je sens le corps de mon bébé sortir du mien et glisser entre mes jambes. Le mot délivrance n’aura jamais eu autant de signification qu’à ce moment-là.
On dépose sur moi un bébé tout rond, qui ouvre ses yeux vers moi. Il est beau, il est là, dans mes bras, déjà. Mon fils est né le 15 mars 2008, à 3h47 du matin. Je regarde Hom, incrédule. Déjà? C’est déjà fini? Je n’arrive pas à croire que tout s’est déroulé si rapidement et, malgré la douleur, si bien. Au fait, j’ai déjà oublié la douleur. Le bonheur immense, l’incroyable sentiment de puissance et de force ressenti au moment de la naissance de Tipépin ont déjà tout effacé.
Je tiens toujours mon bébé dans mes bras. Les infirmières l’essuient, il me regarde. Je délivre le placenta, puis le médecin me pique et me recouds car j’ai déchiré un peu. Je n’ai d’yeux que pour mon fils et pour mon chum, que je remercie d’avoir été si patient avec moi. Je me sens en pleine forme, je n’ai pas l’impression de venir d’accoucher. Je suis si heureuse, si sereine. Mon bébé est en pleine santé, il est tout rond et beau comme son grand frère.
Comme nous sommes tous curieux, une infirmière le pèse finalement. Il pèse 9 livres et 12 onces (4,4 kilos), mesure 54 cm et son tour de tête est de 37 cm. Je n’arrive pas à croire qu’un si gros bébé soit sorti de mon corps aussi rapidement!
Je le mets au sein très rapidement et il le prend comme un pro. Qu’il est beau! Que je me sens bien!
On me transfert à ma chambre quelque temps après. Je suis impressionnée de pouvoir me lever et marcher aussi aisément. Je ne ressens aucune douleur, seulement un peu de fatigue, vivement combattue par l’adrénaline.
Au cours de la première journée, je dois avoir dit 200 fois à Hom que je n’y crois pas, que ça ne se peut pas avoir accouché aussi rapidement, que ça avait été si long pour Tithom... J’ai l’impression de rêver et pourtant, il est bien là, dans le creux de mon bras, mon petit garçon.
18 mars 2008
Rapide
Je fais un tour rapide par ici pour vous annoncer la naissance de Tipépin qui a eu lieu dans la nuit de vendredi à samedi. Ce fut très rapide, très naturel, je n'aurais pu espérer mieux.
Mon fils, en pleine santé, est né le 15 mars et pesait 9 livres et 12 onces. Toute la famille se porte bien et vit un parfait bonheur.
Je vous reviens plus tard avec un récit et des photos. Je tenais à tous vous remercier pour vos bons mots, pendant nos essais, ma grossesse et mon impatience de la fin.
Mon fils, en pleine santé, est né le 15 mars et pesait 9 livres et 12 onces. Toute la famille se porte bien et vit un parfait bonheur.
Je vous reviens plus tard avec un récit et des photos. Je tenais à tous vous remercier pour vos bons mots, pendant nos essais, ma grossesse et mon impatience de la fin.
14 mars 2008
Interlude
En attendant le petit dernier, aussi bien faire diversion, pour passer le temps.
Et si je vous parlais de mon Tithom? J'avais décidé d'arêter ses résumés mensuels à deux ans, alors j'ai l'impression de ne pas avoir parlé de lui depuis un bon bout de temps. Et pourtant, il en fait des trucs, mon bonhomme. Vous ai pas dit ça, qu'il dit maintenant je t'aime. En fait, ça sonne comme "e-taine", mais c'est tout aussi craquant. Surtout quand, alors que je lui donne un bol de raisins et lui demande "qu'est-ce qu'on dit?" il me répond "etaine!" avec un gros sourire, plutôt que merci.
Il compte jusqu'à quatre (un, deux, deux, tate!) et connaît ses couleurs (youge, zone, beu, bère, nouare, onange). Il est tellement drôle, tellement farceur et taquin. Il semble avoir hâte de voir ce fameux bébé dont on parle si souvent, mais qui semble plus près de la légende urbaine que de la réalité. Il berce ma vieille poupée bout'chou dans la balançoire, en attendant de pouvoir faire swigner son petit frère. Il fait des phrases, il exprime des idées et raconte ses journées à la garderie. Quand je lui demande pourquoi papa doit travailler, il me répond "sous! tochon!" en voulant dire "pour gagner des sous, pour mettre dans mon cochon." Avouez que vous craquez!
Non? Alors avec ça peut-être?
Et à la demande de Chocolyane, la fameuse bédaine... Je n'avais pas mis de photo cette grossesse-ci parce que je n'aimais pas autant ma bédaine qu'enceinte de Tithom. Mais peut-être que ça aurait bien illustré la frustration qui me gagnait, il y a quelques semaines, lorsque tout ce qu'on me disait avait rapport à la grosseur de mon ventre.
Dernières nouvelles: depuis hier soir, J'ai perdu plusieurs morceaux de mon bouchon et mes contractions se font plus pesantes, même si elles ne sont pour l'instant pas plus nombreuses. À suivre!
Et si je vous parlais de mon Tithom? J'avais décidé d'arêter ses résumés mensuels à deux ans, alors j'ai l'impression de ne pas avoir parlé de lui depuis un bon bout de temps. Et pourtant, il en fait des trucs, mon bonhomme. Vous ai pas dit ça, qu'il dit maintenant je t'aime. En fait, ça sonne comme "e-taine", mais c'est tout aussi craquant. Surtout quand, alors que je lui donne un bol de raisins et lui demande "qu'est-ce qu'on dit?" il me répond "etaine!" avec un gros sourire, plutôt que merci.
Il compte jusqu'à quatre (un, deux, deux, tate!) et connaît ses couleurs (youge, zone, beu, bère, nouare, onange). Il est tellement drôle, tellement farceur et taquin. Il semble avoir hâte de voir ce fameux bébé dont on parle si souvent, mais qui semble plus près de la légende urbaine que de la réalité. Il berce ma vieille poupée bout'chou dans la balançoire, en attendant de pouvoir faire swigner son petit frère. Il fait des phrases, il exprime des idées et raconte ses journées à la garderie. Quand je lui demande pourquoi papa doit travailler, il me répond "sous! tochon!" en voulant dire "pour gagner des sous, pour mettre dans mon cochon." Avouez que vous craquez!
Non? Alors avec ça peut-être?
Et à la demande de Chocolyane, la fameuse bédaine... Je n'avais pas mis de photo cette grossesse-ci parce que je n'aimais pas autant ma bédaine qu'enceinte de Tithom. Mais peut-être que ça aurait bien illustré la frustration qui me gagnait, il y a quelques semaines, lorsque tout ce qu'on me disait avait rapport à la grosseur de mon ventre.
Dernières nouvelles: depuis hier soir, J'ai perdu plusieurs morceaux de mon bouchon et mes contractions se font plus pesantes, même si elles ne sont pour l'instant pas plus nombreuses. À suivre!
13 mars 2008
Pour le printemps alors?
Eh non, je ne suis toujours pas partie accoucher. J'ai l'impression de me répéter à longueur de journée, depuis des semaines...
Donc, autre rendez-vous mardi dernier. Mêmes nouvelles: col dur et fermé. Rien ne se passe. Bébé est encore haut, mais a probablement descendu un peu puisque ma hauteur utérine a baissé un peu. Toujours aucune contraction, sauf les Braxton-Hicks qui sont choses courantes depuis des mois.
Je revois donc mon doc mardi prochain et on passera aux choses sérieuses. Comme ils ne provoquent pas pour n'importe quoi, ils préfèrent attendre à la dernière minute, ce qui est pour eux vers 41 semaines et demie. Donc, mardi prochain, nous discuterons de ce que nous ferons mercredi à l'hôpital, alors que mon doc sera de garde.
J'en suis au point où ça m'est presque égal. Je ne suis plus impatiente, ni découragée, ni même tannée. Je sais que la semaine prochaine, bébé sera dans mes bras, peu importe la façon dont il sortira. C'est clair que je préfèrerais une façon naturelle, rapide et douce, mais je crois que rendue où j'en suis, je n'ai plus tellement le choix. Je dois prendre ce qui vient. Je suis zen et reposée. Je suis prête.
Tout le monde s'empresse de me raconter l'histoire de celle qui n'avait aucun travail de fait et qui tout à coup a accouché comme une chatte le soir même. Je sais qu'on ne peut jamais prévoir, que tout peut arriver, mais j'ai le feeling, et ce depuis plusieurs mois (j'en avais même parlé à Hom) que ce ne sera pas mon cas. J'ai vraiment l'impression que mon corps ne sait pas quoi faire, qu'il lui manque quelque chose pour passer à l'étape suivante. Mais bon, ce ne serait pas la première fois qu'il me fait défaut. Il a besoin d'aide médicale pour ovuler, il en aurait aussi besoin pour déclencher le travail. Je ne suis pas à une défectuosité près! Et je préfère, de loin, garder mon bébé au chaud plus longtemps que pas assez.
Donc voilà pour les dernières nouvelles. Si tout va bien, je devrais tenir mon deuxième fils dans mes bras d'ici une semaine. Juste à temps pour l'arrivée du printemps!
Donc, autre rendez-vous mardi dernier. Mêmes nouvelles: col dur et fermé. Rien ne se passe. Bébé est encore haut, mais a probablement descendu un peu puisque ma hauteur utérine a baissé un peu. Toujours aucune contraction, sauf les Braxton-Hicks qui sont choses courantes depuis des mois.
Je revois donc mon doc mardi prochain et on passera aux choses sérieuses. Comme ils ne provoquent pas pour n'importe quoi, ils préfèrent attendre à la dernière minute, ce qui est pour eux vers 41 semaines et demie. Donc, mardi prochain, nous discuterons de ce que nous ferons mercredi à l'hôpital, alors que mon doc sera de garde.
J'en suis au point où ça m'est presque égal. Je ne suis plus impatiente, ni découragée, ni même tannée. Je sais que la semaine prochaine, bébé sera dans mes bras, peu importe la façon dont il sortira. C'est clair que je préfèrerais une façon naturelle, rapide et douce, mais je crois que rendue où j'en suis, je n'ai plus tellement le choix. Je dois prendre ce qui vient. Je suis zen et reposée. Je suis prête.
Tout le monde s'empresse de me raconter l'histoire de celle qui n'avait aucun travail de fait et qui tout à coup a accouché comme une chatte le soir même. Je sais qu'on ne peut jamais prévoir, que tout peut arriver, mais j'ai le feeling, et ce depuis plusieurs mois (j'en avais même parlé à Hom) que ce ne sera pas mon cas. J'ai vraiment l'impression que mon corps ne sait pas quoi faire, qu'il lui manque quelque chose pour passer à l'étape suivante. Mais bon, ce ne serait pas la première fois qu'il me fait défaut. Il a besoin d'aide médicale pour ovuler, il en aurait aussi besoin pour déclencher le travail. Je ne suis pas à une défectuosité près! Et je préfère, de loin, garder mon bébé au chaud plus longtemps que pas assez.
Donc voilà pour les dernières nouvelles. Si tout va bien, je devrais tenir mon deuxième fils dans mes bras d'ici une semaine. Juste à temps pour l'arrivée du printemps!
10 mars 2008
Le fameux prénom
C'est la question sur toutes les lèvres qu'on croise dès qu'on annonce la grossesse. C'est la porte de secours de tous ceux qui cherchent quelque chose à dire et qui ne s'y connaissent pas en bédaines. C'est le sujet préféré des matantes, qui prennent la peine de rajouter des suggestions et des commentaires (tous deux non sollicités, bien sûr).
Avez-vous choisi le prénom?
Depuis qu'on sait autour de nous que je suis enceinte, on me pose la question. Et comme pour Tithom, nous avons décidé de garder notre choix secret jusqu'à la naissance.
Le choix du prénom pour Tithom s'était fait de façon quasi silencieuse. Pendant que je revisais sans cesse ma liste de 3 prénoms, Hom mûrissait son idée en silence. Et c'est finalement l'idée qu'il avait depuis le début qui l'avait emporté, sans résistance de ma part. Je n'ai jamais regretté notre choix car le prénom de Tithom lui va à merveille.
Cette fois-ci, Hom était un peu plus fermé à la discussion, allez savoir pourquoi. Dès que je lui parlais de prénom, il changeait de sujet et semblait complètement désintéressé. Il me disait de choisir, qu'il avait eu ce qu'il voulait pour Tithom, que c'était à mon tour. J'aurais pu me la boucler et choisir, mais je voulais que le prénom soit un choix de nous deux. Je ne voulais surtout pas que Hom, après plusieurs mois, m'avoue finalement qu'il n'aimait pas ça.
Pendant des mois, nous n'avons pas parlé prénom. Hom avait la liste sur son bureau, mais il ne m'en parlait pas. Je l'ai laissé réfléchir, espérant qu'il finisse par me dire ce qu'il pensait vraiment. En fait, je ne crois pas que nous ayons jamais eu LA discussion prénoms que tous les couples semblent avoir. Nos réflexions se sont faites silencieusement, chacun de notre côté.
Il y a peut-être deux mois, il discutait avec sa cousine enceinte de jumeaux. Comme elle attend deux garçons à quelques semaines de nous, ils ont voulu s'assurer que nos choix n'étaient pas les mêmes. Elle lui a dit leur deux choix, il lui a dit le nôtre.
Le nôtre?
Je lui ai demandé ce qu'il lui avait dit comme prénom. Et c'est là que j'ai su que le prénom était choisi. Et c'était celui que je voulais. J'ai insisté et insisté auprès de Hom pour être certaine qu'il ne faisait pas ce choix juste pour me faire plaisir. Je voulais m'assurer qu'il aimait le prénom et que le choix était mutuel et non individuel.
Encore une fois, nous garderons le prénom secret jusqu'à la naissance. Je n'arrive même pas encore à l'appeler par son prénom, comme s'il ne lui appartenait pas encore tout à fait. Comme si le prénom différenciait le bébé qu'il est dans mon ventre et celui qu'il sera dans notre monde. Comme si l'appeler ainsi avant de le rencontrer pouvait nous induire en erreur. Tout à coup que ce n'est pas le bon prénom?
Et puis, j'avais bien aimé garder la surprise pour Tithom. Annoncer la naissance en même temps que présenter le prénom, comme on présente une nouvelle personne, j'avais trouvé ça chouette.
Donc oui, nous avons choisi le prénom et non, vous ne le saurez pas!
Avez-vous choisi le prénom?
Depuis qu'on sait autour de nous que je suis enceinte, on me pose la question. Et comme pour Tithom, nous avons décidé de garder notre choix secret jusqu'à la naissance.
Le choix du prénom pour Tithom s'était fait de façon quasi silencieuse. Pendant que je revisais sans cesse ma liste de 3 prénoms, Hom mûrissait son idée en silence. Et c'est finalement l'idée qu'il avait depuis le début qui l'avait emporté, sans résistance de ma part. Je n'ai jamais regretté notre choix car le prénom de Tithom lui va à merveille.
Cette fois-ci, Hom était un peu plus fermé à la discussion, allez savoir pourquoi. Dès que je lui parlais de prénom, il changeait de sujet et semblait complètement désintéressé. Il me disait de choisir, qu'il avait eu ce qu'il voulait pour Tithom, que c'était à mon tour. J'aurais pu me la boucler et choisir, mais je voulais que le prénom soit un choix de nous deux. Je ne voulais surtout pas que Hom, après plusieurs mois, m'avoue finalement qu'il n'aimait pas ça.
Pendant des mois, nous n'avons pas parlé prénom. Hom avait la liste sur son bureau, mais il ne m'en parlait pas. Je l'ai laissé réfléchir, espérant qu'il finisse par me dire ce qu'il pensait vraiment. En fait, je ne crois pas que nous ayons jamais eu LA discussion prénoms que tous les couples semblent avoir. Nos réflexions se sont faites silencieusement, chacun de notre côté.
Il y a peut-être deux mois, il discutait avec sa cousine enceinte de jumeaux. Comme elle attend deux garçons à quelques semaines de nous, ils ont voulu s'assurer que nos choix n'étaient pas les mêmes. Elle lui a dit leur deux choix, il lui a dit le nôtre.
Le nôtre?
Je lui ai demandé ce qu'il lui avait dit comme prénom. Et c'est là que j'ai su que le prénom était choisi. Et c'était celui que je voulais. J'ai insisté et insisté auprès de Hom pour être certaine qu'il ne faisait pas ce choix juste pour me faire plaisir. Je voulais m'assurer qu'il aimait le prénom et que le choix était mutuel et non individuel.
Encore une fois, nous garderons le prénom secret jusqu'à la naissance. Je n'arrive même pas encore à l'appeler par son prénom, comme s'il ne lui appartenait pas encore tout à fait. Comme si le prénom différenciait le bébé qu'il est dans mon ventre et celui qu'il sera dans notre monde. Comme si l'appeler ainsi avant de le rencontrer pouvait nous induire en erreur. Tout à coup que ce n'est pas le bon prénom?
Et puis, j'avais bien aimé garder la surprise pour Tithom. Annoncer la naissance en même temps que présenter le prénom, comme on présente une nouvelle personne, j'avais trouvé ça chouette.
Donc oui, nous avons choisi le prénom et non, vous ne le saurez pas!
6 mars 2008
Infertile à vie?
Un jour, enceinte de Tithom, je parlais de mon infertilité avec une amie et elle m'avait dit sèchement "mais tu n'es plus infertile, tu es enceinte." Sur le coup, j'avais été très insultée. Dans ma tête, mon coeur, mon corps, ça n'avait pas changé, encore moins comme ça, du jour au lendemain. Mon parcours ne pouvait pas être effacé par l'arrivée d'une deuxième ligne sur un test de grossesse. J'étais encore infertile, malgré les apparences. Je le serais toujours, selon moi. Mais je me rendais bien compte que pour les autres, c'était bien plus simple. Trop simple.
Est-ce que l'infertilité se termine lorsqu'on a un bébé? Est-ce seulement un état médical, ou est-en aussi un état d'esprit, un état d'âme?
L'infertilité a longtemps fait partie de mon quotidien. C'était une seconde nature. Ça ne me définissait peut-être pas, mais presque. L'infertilité avait toute une emprise sur ma vie, sur mes décisions, sur ma façon de voir les choses. Elle a changé bien des trucs en moi. Certains de façon négative, en les faisant mourir comme une plante qu'on oublie d'arroser, et d'autres de façon positive, comme le courage qui grandit devant l'adversité. L'infertilité a forgé une partie de ce que je suis aujourd'hui et serai pour le restant de mes jours. Elle a rendu bien des choses visibles pour moi et je ne pourrai jamais plus les ignorer. Même une fois maman, j'ai et j'aurai toujours ce regard d'infertile, cette sensibilité accrue aux espoirs des couples qui vivent l'attente du bébé qui tarde à venir. J'ai déjà dit: je ne fais plus tout à fait partie de leur équipe, mais je ne suis pas non-plus dans le camp opposé. Je suis maintenant dans les estrades à les encourager, avec la fougue de celle qui sait car elle est passée par là. J'aurai toujours tendance à me mettre dans la peau des autres, à savoir que bien souvent, les infertiles vivent les émotions de façon irrationnelle pour les autres, mais très vive et crue pour eux. Je ne le vivrai peut-être plus, mais je continuerai à comprendre.
Et puis, après avoir eu Tithom, je me considérais toujours infertile parce que je savais que j'aurais recours à la PMA si nous voulions un deuxième enfant. La grossesse ne m'avait pas guérie, elle m'avait seulement donné un break. Et ce serait le cas pour chaque enfant que nous voudrions.
Même aujourd'hui, alors que je suis sur le point de donner naissance à mon deuxième enfant, je me sens toujours infertile. Un peu moins qu'avant, mais quand même. Ça fera toujours partie de moi, même si l'infertilité ne sera pas pour toujours une bataille que je mènerai de front. Seulement, aujourd'hui, je ne me sens plus autant à l'aise de me définir ouvertement comme infertile, même si pour moi, je le serai toujours. Pas par honte, ni parce que je crois ne plus l'être, mais par respect pour ceux qui sont encore en plein combat.
Quelques personnes m'ont demandé pourquoi je me définissais encore comme étant infertile alors que j'allais avoir deux enfants. Je crois que la définition même de l'infertilité change d'une personne à l'autre, selon son expérience. Pour moi, être infertile, c'est ne pas arriver à concevoir un enfant dans un temps raisonnable (disons un an, comme dans la véritable définition) et/ou sans aide médicale. Mais au-delà de ça, au-delà des termes techniques et des statistiques, être infertile, c'est avoir connu le déchirement, le vide, la douleur que crée l'attente d'un enfant qui ne vient pas. C'est devoir se battre pour quelque chose qui devrait être naturel et ne demander aucun effort.
Je ne me sens pas coupable d'être heureuse aujourd'hui. Je souhaite le même bonheur à tous les couples infertiles, même si je sais très bien que malheureusement, plusieurs ne s'en tireront pas aussi bien que nous. Je ne me sens pas non-plus coupable de ne pas toujours tout voir en rose dans la grossesse et la maternité. Un parcours difficile n'enlève pas le droit au découragement. Seulement, je n'oublie pas. Jamais je n'oublierai comment, lorsqu'on est de l'autre côté de la clôture, ça fait mal de voir une femme enceinte. Jamais je n'oublierai les pensées, égoïstes peut-être, mais réelles lorsqu'on le vit, qui traversent notre esprit quand on entend une femme enceinte se plaindre, quand on entend une mère nous offrir de nous vendre son enfant un peu turbulent pour "pas cher". Je n'oublierai pas combien de fois je me suis dit "tais-toi, au moins tu as la chance d'être maman/future-maman alors que moi, j'essaie depuis si longtemps." Jamais je n'oublierai que c'est frustrant de se faire dire "tu n'as pas d'enfant, tu ne peux pas savoir", même si au fond, c'est vrai qu'on ne peut pas savoir...
En aucun cas, je ne voudrais insulter les couples qui sont encore aux prises avec l'infertilité au quotidien. Mais jamais je ne me considérerai fertile ou normale du point de vue système reproducteur. C'est donc pourquoi je me considère encore infertile: je ne suis pas fertile et je ne le serai jamais. Voilà tout.
Est-ce que l'infertilité se termine lorsqu'on a un bébé? Est-ce seulement un état médical, ou est-en aussi un état d'esprit, un état d'âme?
L'infertilité a longtemps fait partie de mon quotidien. C'était une seconde nature. Ça ne me définissait peut-être pas, mais presque. L'infertilité avait toute une emprise sur ma vie, sur mes décisions, sur ma façon de voir les choses. Elle a changé bien des trucs en moi. Certains de façon négative, en les faisant mourir comme une plante qu'on oublie d'arroser, et d'autres de façon positive, comme le courage qui grandit devant l'adversité. L'infertilité a forgé une partie de ce que je suis aujourd'hui et serai pour le restant de mes jours. Elle a rendu bien des choses visibles pour moi et je ne pourrai jamais plus les ignorer. Même une fois maman, j'ai et j'aurai toujours ce regard d'infertile, cette sensibilité accrue aux espoirs des couples qui vivent l'attente du bébé qui tarde à venir. J'ai déjà dit: je ne fais plus tout à fait partie de leur équipe, mais je ne suis pas non-plus dans le camp opposé. Je suis maintenant dans les estrades à les encourager, avec la fougue de celle qui sait car elle est passée par là. J'aurai toujours tendance à me mettre dans la peau des autres, à savoir que bien souvent, les infertiles vivent les émotions de façon irrationnelle pour les autres, mais très vive et crue pour eux. Je ne le vivrai peut-être plus, mais je continuerai à comprendre.
Et puis, après avoir eu Tithom, je me considérais toujours infertile parce que je savais que j'aurais recours à la PMA si nous voulions un deuxième enfant. La grossesse ne m'avait pas guérie, elle m'avait seulement donné un break. Et ce serait le cas pour chaque enfant que nous voudrions.
Même aujourd'hui, alors que je suis sur le point de donner naissance à mon deuxième enfant, je me sens toujours infertile. Un peu moins qu'avant, mais quand même. Ça fera toujours partie de moi, même si l'infertilité ne sera pas pour toujours une bataille que je mènerai de front. Seulement, aujourd'hui, je ne me sens plus autant à l'aise de me définir ouvertement comme infertile, même si pour moi, je le serai toujours. Pas par honte, ni parce que je crois ne plus l'être, mais par respect pour ceux qui sont encore en plein combat.
Quelques personnes m'ont demandé pourquoi je me définissais encore comme étant infertile alors que j'allais avoir deux enfants. Je crois que la définition même de l'infertilité change d'une personne à l'autre, selon son expérience. Pour moi, être infertile, c'est ne pas arriver à concevoir un enfant dans un temps raisonnable (disons un an, comme dans la véritable définition) et/ou sans aide médicale. Mais au-delà de ça, au-delà des termes techniques et des statistiques, être infertile, c'est avoir connu le déchirement, le vide, la douleur que crée l'attente d'un enfant qui ne vient pas. C'est devoir se battre pour quelque chose qui devrait être naturel et ne demander aucun effort.
Je ne me sens pas coupable d'être heureuse aujourd'hui. Je souhaite le même bonheur à tous les couples infertiles, même si je sais très bien que malheureusement, plusieurs ne s'en tireront pas aussi bien que nous. Je ne me sens pas non-plus coupable de ne pas toujours tout voir en rose dans la grossesse et la maternité. Un parcours difficile n'enlève pas le droit au découragement. Seulement, je n'oublie pas. Jamais je n'oublierai comment, lorsqu'on est de l'autre côté de la clôture, ça fait mal de voir une femme enceinte. Jamais je n'oublierai les pensées, égoïstes peut-être, mais réelles lorsqu'on le vit, qui traversent notre esprit quand on entend une femme enceinte se plaindre, quand on entend une mère nous offrir de nous vendre son enfant un peu turbulent pour "pas cher". Je n'oublierai pas combien de fois je me suis dit "tais-toi, au moins tu as la chance d'être maman/future-maman alors que moi, j'essaie depuis si longtemps." Jamais je n'oublierai que c'est frustrant de se faire dire "tu n'as pas d'enfant, tu ne peux pas savoir", même si au fond, c'est vrai qu'on ne peut pas savoir...
En aucun cas, je ne voudrais insulter les couples qui sont encore aux prises avec l'infertilité au quotidien. Mais jamais je ne me considérerai fertile ou normale du point de vue système reproducteur. C'est donc pourquoi je me considère encore infertile: je ne suis pas fertile et je ne le serai jamais. Voilà tout.
5 mars 2008
Il attend le printemps
J'ai eu un autre rendez-vous chez le médecin hier. Et encore là, aucune surprise: zéro progrès. Mon fils est trop bien dans mon ventre, il préfère rester au chaud plutôt que d'affronter le temps moche qu'il fait ici. Je le comprends. Je préfère rester dans ma maison, moi aussi.
Aucun plan n'est prévu, ça n'a même pas été discuté en fait. Enceinte de Tithom, j'étais un peu plus ouverte à l'induction. J'étais bien plus impatiente et surtout, beaucoup plus enflée qu'aujourd'hui. Ma pression était plus haute aussi, alors le doc avait cru bon donner un petit coup de pouce (ou de gel) à mon col, sans pour autant me provoquer. Le travail s'est déclanché par la suite, mais ça aurait aussi bien pu attendre une autre semaine.
Cette fois-ci, je suis encore assez patiente et confortable pour laisser les choses aller. Je ne dis pas que je continuerais encore comme ça pendant 3 semaines, mais je crois que rien ne justifie une induction pour le moment.
En attendant, je vais essayer tous les trucs de grand-mère: la tisane, l'huile d'onagre, les graines de lin, la méthode italienne... mais ne me parlez pas de laver les planchers à quatre pattes. Juste y penser et j'ai mal au dos. Et je doute fort d'être capable de me relever par la suite.
Je visualise. Je positivise. Je nombrilise. Je patiente. Je revois le doc la semaine prochaine, le 11, la date qui, pour eux, est ma dpa. On ne sait pas ce qui peut arriver entre-temps, donc je ne me fais même pas de scénario. J'espère seulement que bébé ne se pointera pas en pleine tempête. Je ne veux pas être prise pour le nommer Blanc.
Aucun plan n'est prévu, ça n'a même pas été discuté en fait. Enceinte de Tithom, j'étais un peu plus ouverte à l'induction. J'étais bien plus impatiente et surtout, beaucoup plus enflée qu'aujourd'hui. Ma pression était plus haute aussi, alors le doc avait cru bon donner un petit coup de pouce (ou de gel) à mon col, sans pour autant me provoquer. Le travail s'est déclanché par la suite, mais ça aurait aussi bien pu attendre une autre semaine.
Cette fois-ci, je suis encore assez patiente et confortable pour laisser les choses aller. Je ne dis pas que je continuerais encore comme ça pendant 3 semaines, mais je crois que rien ne justifie une induction pour le moment.
En attendant, je vais essayer tous les trucs de grand-mère: la tisane, l'huile d'onagre, les graines de lin, la méthode italienne... mais ne me parlez pas de laver les planchers à quatre pattes. Juste y penser et j'ai mal au dos. Et je doute fort d'être capable de me relever par la suite.
Je visualise. Je positivise. Je nombrilise. Je patiente. Je revois le doc la semaine prochaine, le 11, la date qui, pour eux, est ma dpa. On ne sait pas ce qui peut arriver entre-temps, donc je ne me fais même pas de scénario. J'espère seulement que bébé ne se pointera pas en pleine tempête. Je ne veux pas être prise pour le nommer Blanc.
S'abonner à :
Messages (Atom)