Plus d'un an et demi depuis mon dernier billet. Billet dans leqeul je parlais de la mort prochaine de mon père, de sa vulnérabilité, de ma douleur. Je savais que la fin approchait, mais j'espérais encore secrètement qu'elle soit reportée le plus longtemps possible.
Je n'ai pas eu mon souhait. Mon père est décédé 4 jours plus tard, le 22 mai 2012. Il avait 62 ans.
Le temps a passé. Le deuil a suivi son cours, avec ses hauts et ses bas. La première année a été difficile. La douleur déchirante, le vide, trop grand. J'ai essayé plusieurs fois de venir en parler ici, mais je ne sentais pas la force de tout écrire, de tout revivre. Je ne le ferai donc pas. Je dirai seulement que le décès de mon père s'est passé de façon paisible, que mes frères et moi, ainsi que sa conjointe, avons eu le temps de lui faire nos adieux, de lui dire un dernier je t'aime et un ultime merci. Même si nos coeurs étaient remplis de peine et de frustration, notre raison savait que c'était mieux ainsi, pour lui.
La vie continue. Après les funérailles, et malgré le deuil, nous avons vécu plusieurs changements. Nous avons mis notre maison en vente pour retourner vivre dans ma maison d'enfance, la maison de mon père. Un tourbillon d'émotions, où se mêlaient la tristesse de voir cette maison sans lui, la joie d'imaginer mes enfants y grandir et la nostalgie de mon enfance et de mon père.
Nous y sommes depuis presqu'un an. L'adaptation a été facile pour les enfants, un peu moins pour moi. En fait, je n'ai pas eu de difficulté à m'adapter à la maison et au changement de ville. Ce sont tous les souvenirs, tous les fantômes qui ont été difficiles à contrôler. Ou à régler. Mais j'y suis presque. Alors qu'au départ, je n'osais rien changer, de peur d'effacer son souvenir, maintenant, la maison nous ressemble de plus en plus. Sans perdre son essence, sa présence. Il sera toujours présent ici.
Je pense encore souvent à mon père. À tous les jours, en fait. Parfois de façon plus consciente, mais parfois seulement une impression, un petit souffle qui repart aussi vite qu'il est apparu. Il me manque encore terriblement. Il me manquera toute ma vie. Mais je crois que le pire est passé, que l'amour et la joie ont repris le dessus sur la peine. On ne termine jamais un deuil, mais ça s'estompe tout de même avec le temps.
Le temps. Ce temps qui a été si court tout à coup. Ce temps qui nous a semblé cruel et impardonnable ce mois de mai-là. Ce temps que j'ai passé, tout au long de ma vie, en présence de mon père, sans toujours en profiter pleinement. Ce temps, il était précieux et je l'ignorais. Le temps, il faut le prendre, il faut le savourer, il faut l'étirer. Car c'est lui, en bout de ligne, qui décide de tout.
14 janvier 2014
18 mai 2012
Vulnérable
Ce sont ses yeux qui m'ont frappée, avant tout le reste. Ses yeux bruns, auparavant pétillants, étaient maintenant creusés, fatigués, ternes. Il n'essaie même plus d'avoir l'air en forme. Il ne l'est pas et ça se sent
Puis, il a parlé. Sa voix, pâteuse, ses mots, incompréhensibles. Comme s'il avait la bouche gelée, ou paralysée. Un choc.
Sans compter le fait qu'il se rase maintenant (il a toujours eu une barbe), qu'il a perdu 45 livres et ne porte ni ses lunettes, ni son partiel. Je ne le reconnais plus. Il est si... vulnérable.
Il semblait si triste, découragé, désabusé.
Je ne l'avais pas revu depuis deux semaines, au moment où j'étais allée le voir chez lui. Il avait fait une chute dehors, sur le ciment. Il était un peu confus, n'arrivait pas à écrire. Ça le fâchait énormément. Le lendemain, son docteur l'a sermonné de ne pas s'être présenté à l'urgence. Deux jours plus tard, son mal de dos qu'il a depuis tant d'années devenait soudainement insupportable. Il est retourné à l'hôpital. Ils lui ont fait des tests, des scans. Ils ont découvert qu'il avait fait un AVC très récemment. Probablement ce qui causerait la confusion et la dyslexie. Ils ont décidé de le garder, pour trouver la cause de cet AVC et pour mieux gérer sa douleur.
Il est encore à l'hôpital. Il s'est révolté, a refusé les traitements et les prélèvements pour quelques jours. Il en avait assez. Il trouvait que rien n'avançait, que ça tournait en rond, que les docs ne lui disaient pas tout. Il avait peur, car son propre père a déperri rapidement après avoir fait plusieurs AVC. Ils n'ont toujours pas trouvé la formule pour le soulager de ses douleurs. Le nouveau médicament aurait comme effet secondaire cette bouche pâteuse, ce manque de force dans la gorge. Mais peu d'effet sur la douleur.
Ça m'a vraiment fait un choc de le voir si faible. Mon père, c'est un homme brillant, d'une grande intelligence. Il n'a jamais été fort physiquement, mais tellement fort autrement. Ça me fend le coeur de le voir ainsi, à souffrir, à s'éteindre lentement. Il ne peut profiter de ce qu'il lui reste à vivre. Il est dans sa petite chambre d'hôpital, à ne plus avoir envie de rien. On essaie de voir plus loin, de se dire qu'une fois les bons anti-douleurs trouvés, une fois la radiothérapie terminée, il pourra reprendre des forces chez lui. Mais nous n'en savons rien.
Quand je suis allée le voir mercredi avec mon grand frère, nous avons essayé de l'aider à être plus confortable. Mon frère l'a aidé à enfiler des sous-vêtements propres. Je l'ai aidé à manger. De la compote de poire. À la cuillère. Comme je nourris mon bébé. Je ne pensais pas vivre ça un jour.
Ça fait mal, tout ça. Ça me fait mal de le voir comme ça, de penser qu'il ne jouera probablement plus jamais de piano. Sa musique m'a vue grandir, je l'ai entendue toute ma vie. Maintenant, plus rien. Ses mains étaient froides, maigres. Je les ai tenues, peu de temps, avant de lui dire au revoir.
Je sais que je le reverrai encore. Ce n'est pas fini. Mais chaque visite est un choc, chaque constat me brise le coeur.
Maudit crabe.
Puis, il a parlé. Sa voix, pâteuse, ses mots, incompréhensibles. Comme s'il avait la bouche gelée, ou paralysée. Un choc.
Sans compter le fait qu'il se rase maintenant (il a toujours eu une barbe), qu'il a perdu 45 livres et ne porte ni ses lunettes, ni son partiel. Je ne le reconnais plus. Il est si... vulnérable.
Il semblait si triste, découragé, désabusé.
Je ne l'avais pas revu depuis deux semaines, au moment où j'étais allée le voir chez lui. Il avait fait une chute dehors, sur le ciment. Il était un peu confus, n'arrivait pas à écrire. Ça le fâchait énormément. Le lendemain, son docteur l'a sermonné de ne pas s'être présenté à l'urgence. Deux jours plus tard, son mal de dos qu'il a depuis tant d'années devenait soudainement insupportable. Il est retourné à l'hôpital. Ils lui ont fait des tests, des scans. Ils ont découvert qu'il avait fait un AVC très récemment. Probablement ce qui causerait la confusion et la dyslexie. Ils ont décidé de le garder, pour trouver la cause de cet AVC et pour mieux gérer sa douleur.
Il est encore à l'hôpital. Il s'est révolté, a refusé les traitements et les prélèvements pour quelques jours. Il en avait assez. Il trouvait que rien n'avançait, que ça tournait en rond, que les docs ne lui disaient pas tout. Il avait peur, car son propre père a déperri rapidement après avoir fait plusieurs AVC. Ils n'ont toujours pas trouvé la formule pour le soulager de ses douleurs. Le nouveau médicament aurait comme effet secondaire cette bouche pâteuse, ce manque de force dans la gorge. Mais peu d'effet sur la douleur.
Ça m'a vraiment fait un choc de le voir si faible. Mon père, c'est un homme brillant, d'une grande intelligence. Il n'a jamais été fort physiquement, mais tellement fort autrement. Ça me fend le coeur de le voir ainsi, à souffrir, à s'éteindre lentement. Il ne peut profiter de ce qu'il lui reste à vivre. Il est dans sa petite chambre d'hôpital, à ne plus avoir envie de rien. On essaie de voir plus loin, de se dire qu'une fois les bons anti-douleurs trouvés, une fois la radiothérapie terminée, il pourra reprendre des forces chez lui. Mais nous n'en savons rien.
Quand je suis allée le voir mercredi avec mon grand frère, nous avons essayé de l'aider à être plus confortable. Mon frère l'a aidé à enfiler des sous-vêtements propres. Je l'ai aidé à manger. De la compote de poire. À la cuillère. Comme je nourris mon bébé. Je ne pensais pas vivre ça un jour.
Ça fait mal, tout ça. Ça me fait mal de le voir comme ça, de penser qu'il ne jouera probablement plus jamais de piano. Sa musique m'a vue grandir, je l'ai entendue toute ma vie. Maintenant, plus rien. Ses mains étaient froides, maigres. Je les ai tenues, peu de temps, avant de lui dire au revoir.
Je sais que je le reverrai encore. Ce n'est pas fini. Mais chaque visite est un choc, chaque constat me brise le coeur.
Maudit crabe.
2 mai 2012
L'oubli
J'ai toujours eu peur de l'oubli. Peur d'être oubliée, peur d'oublier. Et aujourd'hui, en pensant à mon père qui s'en ira éventuellement, j'ai encore plus peur.
Je n'ai pas peur de l'oublier, ni d'oublier ce qu'il a été, ce qu'il m'a donné, ce qu'il nous a apporté et inculqué. Il restera bien présent, je le sais, je le sens.
Mais tout ce qu'il sait, ce qu'il a vu, vécu, senti et n'a pas eu le temps de partager sera perdu. Oublié. Il a tant à apporter à mes enfants. Tant à partager, à faîre connaître, à raviver. Et il risque de ne pas en avoir le temps.
J'ai surtout très peur que mes enfants l'oublient. Que grand-papa ne devienne qu'un vague souvenir. Mes grands adorent leur grand-père. Ils ont déjà beaucoup d'histoires à me raconter sur lui et sur ce qu'ils ont fait avec lui. Mais ils sont si jeunes. Le temps, affamé, grugera immanquablement leurs souvenirs. Petit à petit, ils perdront de leur vivacité. Peu à peu, ils seront remplacés par de nouveaux souvenirs, par de nouvelles aventures. Dans leur mémoire, mon père sera plus lointain.
La mère de mon père est décédée quand j'avais 14 ans. Le père de mon père est mort alors que j'étais dans la vingtaine. Je n'avais jamais été très près d'eux et je les voyais rarement. Il me reste des souvenirs, bien sûr. Mais ils sont déjà flous et éparses. J'étais plus vieille que mes enfants et déjà, le temps a fait son oeuvre.
Je sais qu'il en tient principalement à moi d'empêcher les souvenirs de mes enfants de faiblir. Je sais que je serai en grande partie responsable de garder la mémoire de mon père vivante. Pour moi, pour mes enfants aussi.
Et j'ai peur de ne pas y arriver.
Je n'ai pas peur de l'oublier, ni d'oublier ce qu'il a été, ce qu'il m'a donné, ce qu'il nous a apporté et inculqué. Il restera bien présent, je le sais, je le sens.
Mais tout ce qu'il sait, ce qu'il a vu, vécu, senti et n'a pas eu le temps de partager sera perdu. Oublié. Il a tant à apporter à mes enfants. Tant à partager, à faîre connaître, à raviver. Et il risque de ne pas en avoir le temps.
J'ai surtout très peur que mes enfants l'oublient. Que grand-papa ne devienne qu'un vague souvenir. Mes grands adorent leur grand-père. Ils ont déjà beaucoup d'histoires à me raconter sur lui et sur ce qu'ils ont fait avec lui. Mais ils sont si jeunes. Le temps, affamé, grugera immanquablement leurs souvenirs. Petit à petit, ils perdront de leur vivacité. Peu à peu, ils seront remplacés par de nouveaux souvenirs, par de nouvelles aventures. Dans leur mémoire, mon père sera plus lointain.
La mère de mon père est décédée quand j'avais 14 ans. Le père de mon père est mort alors que j'étais dans la vingtaine. Je n'avais jamais été très près d'eux et je les voyais rarement. Il me reste des souvenirs, bien sûr. Mais ils sont déjà flous et éparses. J'étais plus vieille que mes enfants et déjà, le temps a fait son oeuvre.
Je sais qu'il en tient principalement à moi d'empêcher les souvenirs de mes enfants de faiblir. Je sais que je serai en grande partie responsable de garder la mémoire de mon père vivante. Pour moi, pour mes enfants aussi.
Et j'ai peur de ne pas y arriver.
22 avril 2012
Mon père va mourir
J'ai terriblement mal. J'ignore comment gérer cette douleur. J'ignore comment l'apprivoiser. Je ne veux pas l'apprivoiser. Je veux la faire disparaître. Je veux que ma vie redevienne comme avant. Mais c'est impossible. Je voudrais me réveiller, sortir de ce cauchemar. Mais c'est réel, c'est là, c'est vrai.
Mon père va mourir. Nous ne savons pas quand, mais ce sera bien plus tôt que je ne l'aurais jamais imaginé. Il n'a que 62 ans. Je voyais encore sa vie s'allonger de 15, même 20 ans. Mais non. Il ne se rendra même pas à 65 ans. Depuis février, sa vie a basculé. La nôtre en même temps. Il a tranquillement commencé à se sentir mal. Il mettait son état sur une opération (mineure) à la prostate qui tardait. Il s'est finalement retrouvé à l'urgence un soir, plus capable de respirer. Ils lui ont retiré 4 litres d'eau sur son poumon gauche. Ont suivi les tests, les questions, l'attente, l'inquiétude. Après quelques semaines, nous savions qu'ils avaient trouvé des cellules cancéreuses. Après un mois, ils a subi une intervention au poumon. Nous apprenions la semaine suivante que ça n'avait pas fonctionné. L'eau revenait sans cesse. La tumeur était maligne. Mais il fallait attendre les résultats de la biopsie.
Attendre. Des semaines à craindre le pire tout en espérant le moins pire. Attendre et s'inquiéter. Attendre et finir par un peu oublier que ce nuage flottait au-dessus de nos têtes. Attendre et pleurer à l'idée que mon papa était malade, très malade. Que même dans le scénario le moins pire, l'espoir n'était pas énorme.
Puis, jeudi dernier, le choc. Les résultats, pires que nous croyions. Mésothéliome. Traitements de radiothérapie qui commenceront cette semaine, mais sans grand espoir de guérison. Ce sont des soins palliatifs, pour diminuer sa douleur.
J'ai mal. Mon père va bientôt mourir et rien ni personne ne peut l'empêcher. Les idées et les émotions se bousculent en moi. Je pense aux enfants, qu'il ne vera pas devenir des adultes. Je pense aux enfants qui auront de la peine de perdre leur grand-papa de qui ils sont si proches. J'ai peur qu'ils l'oublient. Je pleure à l'idée que Bébé ne le connaîtra pas. Je pense à moi, qui suis proche de lui aussi et qui croyais avoir encore du temps avec lui, à discuter, à apprendre. Je pense à lui, qui voit sa vie soudainement lui glisser entre les doigts. Je pense à sa conjointe qui voit l'amour de sa vie mourir à petit feu et leurs projets de retraite s'éteindre brusquement. Je pense à ce qu'il aura à subir, à souffrir. Je pense trop, je le sais.
J'ai mal, je suis frustrée, enragée, triste, démollie. J'en veux à la terre entière. Je me dis que ce n'est pas vrai. Je trouve cela injuste. Je me demande pourquoi c'est lui. Pourquoi ce n'est pas le conjoint de ma mère ou mes grands-parents qui attendent la mort depuis si longtemps. Et je m'en veux de penser tout ça.
Je ne sais pas comment aborder le sujet avec les enfants. Je ne sais même pas si je dois leur en parler. Ils savent que grand-papa est malade, car ils ne vont plus se faire garder chez eux depuis 2 mois. Tithom était venu au début le voir à l'hôpital avec moi. Ils lui ont fait de beaux dessins, lui écrivant de guérir vite. Des dessins remplis de coeurs et d'amour.
On nous dit de prendre les choses un jour à la fois. C'est si difficile. On essaie de se préparer au pire, pour se protéger. Se protéger de quoi, au juste? Le coup sera dur, peu importe. Très dur. Trop dur. Je ne suis pas prête (l'est-on un jour?) à perdre mon père. Je ne veux pas. Pas mon père. Pas leur grand-père. C'est trop.
J'ai mal. Ma vie ne sera plus jamais la même. Il y aura un trou immense...
Mon père va mourir. Nous ne savons pas quand, mais ce sera bien plus tôt que je ne l'aurais jamais imaginé. Il n'a que 62 ans. Je voyais encore sa vie s'allonger de 15, même 20 ans. Mais non. Il ne se rendra même pas à 65 ans. Depuis février, sa vie a basculé. La nôtre en même temps. Il a tranquillement commencé à se sentir mal. Il mettait son état sur une opération (mineure) à la prostate qui tardait. Il s'est finalement retrouvé à l'urgence un soir, plus capable de respirer. Ils lui ont retiré 4 litres d'eau sur son poumon gauche. Ont suivi les tests, les questions, l'attente, l'inquiétude. Après quelques semaines, nous savions qu'ils avaient trouvé des cellules cancéreuses. Après un mois, ils a subi une intervention au poumon. Nous apprenions la semaine suivante que ça n'avait pas fonctionné. L'eau revenait sans cesse. La tumeur était maligne. Mais il fallait attendre les résultats de la biopsie.
Attendre. Des semaines à craindre le pire tout en espérant le moins pire. Attendre et s'inquiéter. Attendre et finir par un peu oublier que ce nuage flottait au-dessus de nos têtes. Attendre et pleurer à l'idée que mon papa était malade, très malade. Que même dans le scénario le moins pire, l'espoir n'était pas énorme.
Puis, jeudi dernier, le choc. Les résultats, pires que nous croyions. Mésothéliome. Traitements de radiothérapie qui commenceront cette semaine, mais sans grand espoir de guérison. Ce sont des soins palliatifs, pour diminuer sa douleur.
J'ai mal. Mon père va bientôt mourir et rien ni personne ne peut l'empêcher. Les idées et les émotions se bousculent en moi. Je pense aux enfants, qu'il ne vera pas devenir des adultes. Je pense aux enfants qui auront de la peine de perdre leur grand-papa de qui ils sont si proches. J'ai peur qu'ils l'oublient. Je pleure à l'idée que Bébé ne le connaîtra pas. Je pense à moi, qui suis proche de lui aussi et qui croyais avoir encore du temps avec lui, à discuter, à apprendre. Je pense à lui, qui voit sa vie soudainement lui glisser entre les doigts. Je pense à sa conjointe qui voit l'amour de sa vie mourir à petit feu et leurs projets de retraite s'éteindre brusquement. Je pense à ce qu'il aura à subir, à souffrir. Je pense trop, je le sais.
J'ai mal, je suis frustrée, enragée, triste, démollie. J'en veux à la terre entière. Je me dis que ce n'est pas vrai. Je trouve cela injuste. Je me demande pourquoi c'est lui. Pourquoi ce n'est pas le conjoint de ma mère ou mes grands-parents qui attendent la mort depuis si longtemps. Et je m'en veux de penser tout ça.
Je ne sais pas comment aborder le sujet avec les enfants. Je ne sais même pas si je dois leur en parler. Ils savent que grand-papa est malade, car ils ne vont plus se faire garder chez eux depuis 2 mois. Tithom était venu au début le voir à l'hôpital avec moi. Ils lui ont fait de beaux dessins, lui écrivant de guérir vite. Des dessins remplis de coeurs et d'amour.
On nous dit de prendre les choses un jour à la fois. C'est si difficile. On essaie de se préparer au pire, pour se protéger. Se protéger de quoi, au juste? Le coup sera dur, peu importe. Très dur. Trop dur. Je ne suis pas prête (l'est-on un jour?) à perdre mon père. Je ne veux pas. Pas mon père. Pas leur grand-père. C'est trop.
J'ai mal. Ma vie ne sera plus jamais la même. Il y aura un trou immense...
20 avril 2012
Naissance d'un troisième mousquetaire
Ma date prévue d’accouchement est arrivée sans grande
surprise. Sans grande surprise non-plus, j’étais encore dilatée seulement à 1,5
cm. Je m’attendais à ne pas accoucher avant, comme pour mes deux autres
garçons. Mon docteur ne semblait pas stressé non-plus et n’a pas parlé
induction à mon rendez-vous de 40 semaines. Il m’a demandé si j’avais accouché
naturellement de mes deux autres, s’ils avaient été en retard et si ça avait
été rapide. Il m’a tout de même demandé de revenir deux jours plus tard pour
une échographie, question de s’assurer que tout était encore ok pour attendre
une semaine de plus.
Je suis donc allée à l’hôpital vendredi le 9 septembre. Une écho de routine, où je n’ai pas pu admirer le profil ou les petites mains de mon bébé. J’ai vu une tête, une jambe (je crois?), sans plus. Le doc a pris des mesures et m’a dit que tout était ok. Je devais prendre un autre rendez-vous pour la semaine suivante. Par curiosité, je lui ai demandé le poids estimé, lui disant que mon deuxième pesait presque 10 livres à la naissance. Il m’a dit que celui-là serait plus petit que ça, puis a regardé ses mesures et rajouté “Autour de 9 livres”.
Nous avons essayé de bouger pas mal la fin de semaine suivante, espérant du coup faire bouger les choses. Avant-midi aux portes ouvertes des fermes, à marcher dehors. Aucune contraction. Niet. Même si je ne me décourageais pas, je commençais à m’impatienter. Je ne voulais pas d’induction, pas d’intervention. Je voulais que bébé décide, mais à chaque jour qui passait, je voyais les chances que cela se produise diminuer un peu.
Le mardi suivant, le 13, j’ai décidé de prendre mon avant-midi pour relaxer et ne rien faire. Mes commandes étaient terminées, j’étais à jour dans tous mes trucs. Je me suis écrasée et j’ai regardé la télé. Et j’ai eu des contractions. Rien de douloureux ni régulier, mais tout de même plus fréquent que les jours précédents. À chaque fois que j’allais à la toilette, je scrutais le papier, à la recherche d’une trace de bouchon, signe que mon col s’ouvrait. Rien. Mais les contractions ont duré, de façon intermittente, toute la journée. Quand je suis allée chercher Tilou à l’école, une autre maman me dit “encore là toi?!” et je lui ai répondu que ça commençait à travailler, enfin. Le soir venu, j’ai dit à Hom que j’avais commencé à avoir des contractions plus fréquentes. Il s’est mis à stresser, certain que ça y était. Je lui ai dit de relaxer, que ça voulait seulement dire que ça approchait. Mais j’étais certaine que c’était encore une question de jours et non d’heures.
Ce soir là, bébé gigottait tellement dans mon ventre, c’était fou! Des grosses bosses qui bougeaient, des pics pointus qui sortaient… j’avais l’impression qu’il essayait de se tourner. Nous regardions la télé en fin de soirée quand Hom a décidé de chronométrer mes contractions (vers 22h20). Il trouvait qu’elles étaient soudainement plus fréquentes. Et moi, secrètement, je les trouvais un peu plus pesantes, mais pas encore douloureuses. J’étais aux 10-12 minutes. On a décidé d’aller nous coucher, espérant faire des réserves d’énergie pour une journée d’accouchement le lendemain ou surlendemain. Comme nous nous trompions! J’étais aux 10 minutes, puis aux 3 minutes, 6 minutes… À chaque fois qu’elles s’espaçaient, je me disais “ouf, c’est arrêté, je vais pouvoir dormir.” J’étais si fatiguée, j’avais mal au coeur, je ne me sentais pas du tout en forme pour accoucher là, là! Mais vers 23h20, elles étaient aux 2 minutes et ça ne changeait plus. C’était rapide, c’était inconfortable, c’était déroutant. Je devais me faire à l’idée: j’allais accoucher. Hom n’avait pas besoin d’un signe de ma part pour savoir quand commençait et se terminait une contraction: il le savait au son que je faisais en soufflant. J’ai essayé de prendre les contractions couchée, avec un oreiller entre les genoux, en soufflant. Ça allait bien, mais je sentais que ça irait en empirant assez rapidement. Hom a donc appelé l’hôpital. L’infirmière voulait me parler directement. Elle m’a demandé si mes contractions étaient douloureuses. Je me disais que ce n’était pas si pire, mais oui, selon moi, ça s’en venait. Elle m’a demandé si j’avais essayé de prendre un bain chaud. Je lui ai répondu que je n’avais pas osé, parce qu’à mon dernier, ça avait beaucoup accéléré les choses. Elle a dit “Viens-t-en, on t’attend.” Nous avons donc appelé mon père. J’arrivais à parler et bien fonctionner entre les contractions. Mon moral était bon, je ne me sentais pas encore dépassée par la douleur ou les changements qui s’opéraient dans mon corps. Je faisais même des blagues entre les contractions. Nous avons terminé les bagages, je me suis habillée. Je suis allée donner un bisou à mes deux grands, qui allaient bientôt accueillir un nouveau petit frère.
La copine de mon père est arrivée et nous sommes partis. Hom avait placé des piqués sur son siège d’auto, au cas où je crèverais mes eaux. Les quelques premières contractions assise étaient plus difficiles à prendre, mais c’était moins pire qu’à Tilou. Je trouvais tout de même la route longue! J’ai regardé l’heure sur la 132, en flattant ma bédaine pour une des dernières fois: 23h55. Mon petit allait donc naître le 14 septembre. J’ai dit à mon ventre que c’était fini, que ça allait bien aller. J’étais nerveuse, mais je n’avais pas peur.
Nous sommes arrivés à l’hôpital vers minuit et dix. Hom m’a laissée à la porte principale, après ma contraction, et est allé stationner la voiture. Je suis donc entrée seule dans l’hôpital qui semblait vide. Deux gardes de sécurité parlaient entre elles. Je leur ai demandé où était l’ascenceur. Elles m’ont demandé si c’était pour accoucher, j’ai dit oui. Elles m’ont offert une chaise roulante, que j’ai refusée en disant que je préférais prendre les contractions debout. Elles semblaient incertaines. Je leur ai dit que mon conjoint s’en venait et je me suis dirigée vers les ascenceurs. La porte s’est ouverte, j’ai appuyé sur le bouton numéro 3 et je suis montée. Ça allait bien, les contractions se prenaient bien en marchant.
Je suis arrivée au comptoir d’accueil. C’était si silencieux! L’infirmière m’attendait et m’a dirrigée au triage. Elle m’a demandé de faire un test d’urine (pourquoi, je l’ignore) et de mettre la chemise d’hôpital. Quand je suis sortie de la salle de bain, Hom était arrivé. Je me suis étendue sur le lit pour que l’infirmière m’examine. Mes contractions étaient toujours aussi fréquentes et pesantes. Mais couchée, c’était plus difficile de les traverser en soufflant. Ça me faisait très mal dans le bas du dos. Ça élançait dans les jambes. J’arrivais à les contrôler en poussant avec mes bras de toutes mes forces. J’étais très inconfortable sur le lit. L’infirmière a installé le moniteur du bébé et celui des contractions. Elle m’a posé toutes sortes de questions. Quand j’avais une contraction, tout mon corps se contractait. C’était ma façon de les traverser. Elle me disait de garder mes fesses molles. Facile à dire! Ça me semblait une éternité. Elle ne m’avait même pas encore examinée! Je voulais me lever, marcher, traverser les contractions en bougeant, pas dans le lit. Après peut-être 30 minutes de gossage, elle a fini par m’examiner le col. C’était insupportable! Surtout lorsque j’ai eu une contraction en même temps. Elle ne semblait pas certaine. Selon elle, j’étais à “7 plus”, mais elle voulait l’avis de sa supérieure. Je devais donc encore rester couchée et attendre. Quand sa supérieure est finalement arrivée, elle a confirmé que j’étais à 7 plus. Elles m’ont donc admises. J’allais accoucher. Et pouvoir me lever!
Une fois les moniteurs enlevés, je me suis levée. Une contraction m’a prise par surprise. Je ne savais plus comment les traverser! J’avais l’impression de soudainement perdre le contrôle. Ce n’était plus pareil. Au lieu d’être dans mon ventre ou mon dos, c’était maintenant dans mon col. Je ne savais plus comment me placer, comment bouger, comment respirer. L’infirmière m’a dirrigée à ma chambre d’accouchement. J’ai eu une contraction en chemin, mais je ne voulais pas arrêter. Je voulais juste me rendre à ma chambre, rapidement. Arrivée dans la chambre, une autre forte contraction m’a surprise. Je ne savais plus comment respirer, j’avais perdu le contrôle, c’était trop intense. Je sentais que ça poussait, très fort. J’étais certaine que ça y était. Je disais “ça pousse, ça pousse!” en m’aggripant aux bras de Hom. Les infirmières étaient un peu incrédules. Elles me disaient de bien respirer, de relaxer, de ne pas serrer les fesses. Je voulais juste pousser! Elles m’ont demandé de m’étendre sur le lit, pour m’examiner. Le lit était tellement haut et personne n’a pensé le baisser pour m’aider. Il a fallu que Hom me prenne (presque) pour que je puisse me coucher. C’était maintenant tellement intense que je criais. J’étais complète, mais ma poche des eaux était encore intacte. À ce que Hom m’a dit, les infirmières avaient l’air paniquées. Le docteur était introuvable. La poche sortait un peu. Elles ne savaient pas quoi faire. Elles me répétaient de ne pas pousser, de bien respirer, de garder les fesses molles. Ne pas pousser! Franchement! Comme si j’avais le contrôle là-dessus! Bébé poussait tout seul, je n’y pouvais rien. Je criais, ça faisait mal, c’était hors de mon contrôle. Je me retenais du mieux que je pouvais, mais je sentais que je n’y arriverais pas très longtemps.
J’ai senti un peu de liquide chaud couler. Mes eaux. Bébé arrivait, docteur ou pas. Heureusement, un docteur qui était en césarienne est venu à la rescousse des pauvres infirmières paniquées. Elle m’a dit “quand tu sens que ça pousse, vas-y, pousse!” Et bizarrement, je me retrouvais entre deux contractions, à reprendre mon souffle, à me recentrer. Puis la poussée s’est faite sentir. J’ai poussé de toutes mes forces, mais je savais que je ne faisais qu’aider bébé qui faisait déjà une bonne partie du travail lui-même. Ça brûlait. Je sentais sa tête passer. Puis tout son corps, d’un seul coup. Une seule poussée et il était là! Il est né à 1h03. J’ai entendu le docteur dire qu’il avait 3 tours de cordon. Hom a dit qu’elle avait dû l’attraper tellement il est sorti rapidement. Elles l’ont déposé sur moi et je l’ai trouvé si beau, mais si petit! J’ai soupiré “seigneur!”, pleine de surprise, n’arrivant pas à croire que ça avait été si rapide encore une fois. J’ai dit à Hom “il est petit!” Il m’a dit que je les trouvais toujours petit. Non, non, il est petit, je te dis! Mais si beau. Si beau!
Quand le temps de la pesée est venu, on a bien vu que j'avais raison: bébé pesait 7 livres 10 onces. Un bébé bien normal, j'en conviens, mais si petit quand on s'attend à un patapouf de 9-10 livres!
Il a par la suite bien pris le sein. J'étais heureuse, fatiguée et euphorique à la fois. J'étais maintenant maman de trois garçons. Moi! Maman trois fois! Qui aurait cru cela possible, il y a 7 ans...
Je suis donc allée à l’hôpital vendredi le 9 septembre. Une écho de routine, où je n’ai pas pu admirer le profil ou les petites mains de mon bébé. J’ai vu une tête, une jambe (je crois?), sans plus. Le doc a pris des mesures et m’a dit que tout était ok. Je devais prendre un autre rendez-vous pour la semaine suivante. Par curiosité, je lui ai demandé le poids estimé, lui disant que mon deuxième pesait presque 10 livres à la naissance. Il m’a dit que celui-là serait plus petit que ça, puis a regardé ses mesures et rajouté “Autour de 9 livres”.
Nous avons essayé de bouger pas mal la fin de semaine suivante, espérant du coup faire bouger les choses. Avant-midi aux portes ouvertes des fermes, à marcher dehors. Aucune contraction. Niet. Même si je ne me décourageais pas, je commençais à m’impatienter. Je ne voulais pas d’induction, pas d’intervention. Je voulais que bébé décide, mais à chaque jour qui passait, je voyais les chances que cela se produise diminuer un peu.
Le mardi suivant, le 13, j’ai décidé de prendre mon avant-midi pour relaxer et ne rien faire. Mes commandes étaient terminées, j’étais à jour dans tous mes trucs. Je me suis écrasée et j’ai regardé la télé. Et j’ai eu des contractions. Rien de douloureux ni régulier, mais tout de même plus fréquent que les jours précédents. À chaque fois que j’allais à la toilette, je scrutais le papier, à la recherche d’une trace de bouchon, signe que mon col s’ouvrait. Rien. Mais les contractions ont duré, de façon intermittente, toute la journée. Quand je suis allée chercher Tilou à l’école, une autre maman me dit “encore là toi?!” et je lui ai répondu que ça commençait à travailler, enfin. Le soir venu, j’ai dit à Hom que j’avais commencé à avoir des contractions plus fréquentes. Il s’est mis à stresser, certain que ça y était. Je lui ai dit de relaxer, que ça voulait seulement dire que ça approchait. Mais j’étais certaine que c’était encore une question de jours et non d’heures.
Ce soir là, bébé gigottait tellement dans mon ventre, c’était fou! Des grosses bosses qui bougeaient, des pics pointus qui sortaient… j’avais l’impression qu’il essayait de se tourner. Nous regardions la télé en fin de soirée quand Hom a décidé de chronométrer mes contractions (vers 22h20). Il trouvait qu’elles étaient soudainement plus fréquentes. Et moi, secrètement, je les trouvais un peu plus pesantes, mais pas encore douloureuses. J’étais aux 10-12 minutes. On a décidé d’aller nous coucher, espérant faire des réserves d’énergie pour une journée d’accouchement le lendemain ou surlendemain. Comme nous nous trompions! J’étais aux 10 minutes, puis aux 3 minutes, 6 minutes… À chaque fois qu’elles s’espaçaient, je me disais “ouf, c’est arrêté, je vais pouvoir dormir.” J’étais si fatiguée, j’avais mal au coeur, je ne me sentais pas du tout en forme pour accoucher là, là! Mais vers 23h20, elles étaient aux 2 minutes et ça ne changeait plus. C’était rapide, c’était inconfortable, c’était déroutant. Je devais me faire à l’idée: j’allais accoucher. Hom n’avait pas besoin d’un signe de ma part pour savoir quand commençait et se terminait une contraction: il le savait au son que je faisais en soufflant. J’ai essayé de prendre les contractions couchée, avec un oreiller entre les genoux, en soufflant. Ça allait bien, mais je sentais que ça irait en empirant assez rapidement. Hom a donc appelé l’hôpital. L’infirmière voulait me parler directement. Elle m’a demandé si mes contractions étaient douloureuses. Je me disais que ce n’était pas si pire, mais oui, selon moi, ça s’en venait. Elle m’a demandé si j’avais essayé de prendre un bain chaud. Je lui ai répondu que je n’avais pas osé, parce qu’à mon dernier, ça avait beaucoup accéléré les choses. Elle a dit “Viens-t-en, on t’attend.” Nous avons donc appelé mon père. J’arrivais à parler et bien fonctionner entre les contractions. Mon moral était bon, je ne me sentais pas encore dépassée par la douleur ou les changements qui s’opéraient dans mon corps. Je faisais même des blagues entre les contractions. Nous avons terminé les bagages, je me suis habillée. Je suis allée donner un bisou à mes deux grands, qui allaient bientôt accueillir un nouveau petit frère.
La copine de mon père est arrivée et nous sommes partis. Hom avait placé des piqués sur son siège d’auto, au cas où je crèverais mes eaux. Les quelques premières contractions assise étaient plus difficiles à prendre, mais c’était moins pire qu’à Tilou. Je trouvais tout de même la route longue! J’ai regardé l’heure sur la 132, en flattant ma bédaine pour une des dernières fois: 23h55. Mon petit allait donc naître le 14 septembre. J’ai dit à mon ventre que c’était fini, que ça allait bien aller. J’étais nerveuse, mais je n’avais pas peur.
Nous sommes arrivés à l’hôpital vers minuit et dix. Hom m’a laissée à la porte principale, après ma contraction, et est allé stationner la voiture. Je suis donc entrée seule dans l’hôpital qui semblait vide. Deux gardes de sécurité parlaient entre elles. Je leur ai demandé où était l’ascenceur. Elles m’ont demandé si c’était pour accoucher, j’ai dit oui. Elles m’ont offert une chaise roulante, que j’ai refusée en disant que je préférais prendre les contractions debout. Elles semblaient incertaines. Je leur ai dit que mon conjoint s’en venait et je me suis dirigée vers les ascenceurs. La porte s’est ouverte, j’ai appuyé sur le bouton numéro 3 et je suis montée. Ça allait bien, les contractions se prenaient bien en marchant.
Je suis arrivée au comptoir d’accueil. C’était si silencieux! L’infirmière m’attendait et m’a dirrigée au triage. Elle m’a demandé de faire un test d’urine (pourquoi, je l’ignore) et de mettre la chemise d’hôpital. Quand je suis sortie de la salle de bain, Hom était arrivé. Je me suis étendue sur le lit pour que l’infirmière m’examine. Mes contractions étaient toujours aussi fréquentes et pesantes. Mais couchée, c’était plus difficile de les traverser en soufflant. Ça me faisait très mal dans le bas du dos. Ça élançait dans les jambes. J’arrivais à les contrôler en poussant avec mes bras de toutes mes forces. J’étais très inconfortable sur le lit. L’infirmière a installé le moniteur du bébé et celui des contractions. Elle m’a posé toutes sortes de questions. Quand j’avais une contraction, tout mon corps se contractait. C’était ma façon de les traverser. Elle me disait de garder mes fesses molles. Facile à dire! Ça me semblait une éternité. Elle ne m’avait même pas encore examinée! Je voulais me lever, marcher, traverser les contractions en bougeant, pas dans le lit. Après peut-être 30 minutes de gossage, elle a fini par m’examiner le col. C’était insupportable! Surtout lorsque j’ai eu une contraction en même temps. Elle ne semblait pas certaine. Selon elle, j’étais à “7 plus”, mais elle voulait l’avis de sa supérieure. Je devais donc encore rester couchée et attendre. Quand sa supérieure est finalement arrivée, elle a confirmé que j’étais à 7 plus. Elles m’ont donc admises. J’allais accoucher. Et pouvoir me lever!
Une fois les moniteurs enlevés, je me suis levée. Une contraction m’a prise par surprise. Je ne savais plus comment les traverser! J’avais l’impression de soudainement perdre le contrôle. Ce n’était plus pareil. Au lieu d’être dans mon ventre ou mon dos, c’était maintenant dans mon col. Je ne savais plus comment me placer, comment bouger, comment respirer. L’infirmière m’a dirrigée à ma chambre d’accouchement. J’ai eu une contraction en chemin, mais je ne voulais pas arrêter. Je voulais juste me rendre à ma chambre, rapidement. Arrivée dans la chambre, une autre forte contraction m’a surprise. Je ne savais plus comment respirer, j’avais perdu le contrôle, c’était trop intense. Je sentais que ça poussait, très fort. J’étais certaine que ça y était. Je disais “ça pousse, ça pousse!” en m’aggripant aux bras de Hom. Les infirmières étaient un peu incrédules. Elles me disaient de bien respirer, de relaxer, de ne pas serrer les fesses. Je voulais juste pousser! Elles m’ont demandé de m’étendre sur le lit, pour m’examiner. Le lit était tellement haut et personne n’a pensé le baisser pour m’aider. Il a fallu que Hom me prenne (presque) pour que je puisse me coucher. C’était maintenant tellement intense que je criais. J’étais complète, mais ma poche des eaux était encore intacte. À ce que Hom m’a dit, les infirmières avaient l’air paniquées. Le docteur était introuvable. La poche sortait un peu. Elles ne savaient pas quoi faire. Elles me répétaient de ne pas pousser, de bien respirer, de garder les fesses molles. Ne pas pousser! Franchement! Comme si j’avais le contrôle là-dessus! Bébé poussait tout seul, je n’y pouvais rien. Je criais, ça faisait mal, c’était hors de mon contrôle. Je me retenais du mieux que je pouvais, mais je sentais que je n’y arriverais pas très longtemps.
J’ai senti un peu de liquide chaud couler. Mes eaux. Bébé arrivait, docteur ou pas. Heureusement, un docteur qui était en césarienne est venu à la rescousse des pauvres infirmières paniquées. Elle m’a dit “quand tu sens que ça pousse, vas-y, pousse!” Et bizarrement, je me retrouvais entre deux contractions, à reprendre mon souffle, à me recentrer. Puis la poussée s’est faite sentir. J’ai poussé de toutes mes forces, mais je savais que je ne faisais qu’aider bébé qui faisait déjà une bonne partie du travail lui-même. Ça brûlait. Je sentais sa tête passer. Puis tout son corps, d’un seul coup. Une seule poussée et il était là! Il est né à 1h03. J’ai entendu le docteur dire qu’il avait 3 tours de cordon. Hom a dit qu’elle avait dû l’attraper tellement il est sorti rapidement. Elles l’ont déposé sur moi et je l’ai trouvé si beau, mais si petit! J’ai soupiré “seigneur!”, pleine de surprise, n’arrivant pas à croire que ça avait été si rapide encore une fois. J’ai dit à Hom “il est petit!” Il m’a dit que je les trouvais toujours petit. Non, non, il est petit, je te dis! Mais si beau. Si beau!
Quand le temps de la pesée est venu, on a bien vu que j'avais raison: bébé pesait 7 livres 10 onces. Un bébé bien normal, j'en conviens, mais si petit quand on s'attend à un patapouf de 9-10 livres!
Il a par la suite bien pris le sein. J'étais heureuse, fatiguée et euphorique à la fois. J'étais maintenant maman de trois garçons. Moi! Maman trois fois! Qui aurait cru cela possible, il y a 7 ans...
13 avril 2012
Un an
Un an depuis mon dernier billet. Comment reprendre le temps perdu? Comment résumer ces derniers 12 mois sans m'éterniser? Comment raconter tout ce qui a pu arriver, en un an...
En commençant par le début, j'imagine.
Dans mon dernier billet, nous étions sur le point de partir en voyage à Cuba. Un voyage en amoureux, sans les enfants. Dernière chance pour nous, avant la venue de bébé #3 et de l'entrée à l'école de Tithom. Ce voyage a surpassé nos attentes. Nous nous sommes retrouvés, avons dormi comme nous le voulions, quand nous le voulions. Nous avons lu, profité du soleil et de la mer magnifique. Nous avons visité la Havane (un coup de foudre!). Un superbe voyage qu'il nous fallait et qui nous a réellement fait du bien.
À notre retour, nous avions l'échographie où nous allions apprendre le sexe de notre troisième bébé. Les deux grands sont venus avec nous. Tithom voulait une petite soeur, Tilou un petit frère. Un seul a eu ce qu'il voulait: Tilou. Eh oui, un troisième garçon! Bien en santé, avec tous ses morceaux. Nous étions heureux.
Ma grossesse s'est bien déroulée. Je me sentais bien, belle et zen. J'étais en paix avec l'idée que ce serait ma dernière. Mon corps me signalait tout de même que je n'avais plus 20 ans. J'ai commencé à faire des varices sur les molets. Mes canaux carpiens me faisaient souffrir. Et mon taux de sucre était limite. Pas de panique, je prends tout en main et je profite tout de même de chaque jour de cette grossesse. C'est si différent, être enceinte en été! Je peux profiter des piscines, porter des sandales, des jupettes et des camisoles. Par contre, je ne peux être aussi active que je le voudrais avec mes grands garçons.
En juillet arrive le temps des vacances. Je les commence par un petit voyage en Ohio avec mon père, sa conjointe et ma tante, pour le mariage de ma cousine. Nous y allons en voiture. Les paysages sont superbes et les pêches sont délicieuses. Après le mariage (sublime!), je prends l'avion, seule, pour revenir. C'est long et un peu difficile pour mes jambes de devoir rester assise, mais ça se passe bien. Je retrouve mes enfants et mon chum et nos vacances en famille commencent! Baignade, la Ronde, le zoo, les popsicles, le bon temps. De belles vacances, quoi! Le mois de juillet se terminera par un autre mariage, celui de mon petit frère, en Abitibi. Un autre périple! Je trouve la route longue, rendue à 34 semaines de grossesse. Je porte de superbes bas de soutien, pour minimiser les varices ainsi qu'une jolie attèle pour mon poignet. Vraiment, j'ai un beau look! Un autre beau mariage, une courte visite du nouveau chez-soi de mon petit frère et hop, on revient au bercail.
Le mois d'août se passe doucement. Ma mobilité réduite par mon ventre immense m'empêche de jouer dehors autant que je voudrais, mais nous faisons tout de même quelques sorties en famille. J'espère encore secrètement ne pas me rendre à 41 semaines comme pour les autres grossesses, mais je n'y crois plus tellement. Pour la première fois, j'ai un peu de chemin de fait: 1,5 cm! Rien de gros, mais je n'avais jamais eu cela avant et ça m'encourage. Les semaines passent. Rien. Ma date prévue approche. Rien. Je me sens malgré tout bien et je ne suis pas tannée d'être enceinte. Petit bonhomme gigotte beaucoup, me donne des coups dans les côtes et je savoure chaque minute.
L'été tire à sa fin. L'école approche. Tithom avait été déçu de ne pas être pigé pour l'école alternative (et nous de même). J'avais réussi à le convaincre que l'école du quartier (que nous avions pu visiter en juin) était bien et qu'il aimerait ça. Pas deux semaines avant la rentrée, je reçois un coup de fil. "Une place vient de se libérer à l'école alternative. Êtes-vous toujours intéressés?" Quelle joie! Mon grand Tithom entre à la maternelle au début de septembre. C'est une transition un peu difficile pour moi, devoir gérer les horaires différents et l'implication à l'école, mais il adore tellement ça que je prends mon mal en patience.Tilou, lui, entre à la petite école où Tithom était allé. Il s'y sent comme un poisson dans l'eau.
Puis, enfin, le 14 septembre, mon troisième garçon vient au monde (je réserve le récit pour un autre billet). Un beau bébé, un bébé parfait qui fait le bonheur de toute la famille. Les débuts de l'allaitement ne se déroulent pas très bien. Ironique, pour une maman qui en est à son troisième allaitement et qui est marraine d'allaitement depuis 5 ans! Crevasses, gerçures, engorgement. Je souffre à chaque boire, je pleure, j'appréhende chaque tétée. Je vais chercher de l'aide et avec beaucoup de patience et d'onguent, je finis par prendre le dessus. Bébé est tranquille, souriant, joyeux, sautillant et en plus, il est mon premier fils avec mes yeux bruns! C'est un bon bébé. Ses grands frères l'adorent.
En janvier, Tithom a eu 6 ans. En mars, Tithom a eu 4 ans. C'est fou comme la vie peut nous surprendre par son rhytme à la fois lent et rapide! Bébé a maintenant presque 7 mois. La routine s'installe, malgré quelques imprévus par ci, par là. Une vie de famille comme j'en rêvais, ou presque. Trois beaux garçons en santé, que pourrais-je demander de mieux?
En commençant par le début, j'imagine.
Dans mon dernier billet, nous étions sur le point de partir en voyage à Cuba. Un voyage en amoureux, sans les enfants. Dernière chance pour nous, avant la venue de bébé #3 et de l'entrée à l'école de Tithom. Ce voyage a surpassé nos attentes. Nous nous sommes retrouvés, avons dormi comme nous le voulions, quand nous le voulions. Nous avons lu, profité du soleil et de la mer magnifique. Nous avons visité la Havane (un coup de foudre!). Un superbe voyage qu'il nous fallait et qui nous a réellement fait du bien.
À notre retour, nous avions l'échographie où nous allions apprendre le sexe de notre troisième bébé. Les deux grands sont venus avec nous. Tithom voulait une petite soeur, Tilou un petit frère. Un seul a eu ce qu'il voulait: Tilou. Eh oui, un troisième garçon! Bien en santé, avec tous ses morceaux. Nous étions heureux.
Ma grossesse s'est bien déroulée. Je me sentais bien, belle et zen. J'étais en paix avec l'idée que ce serait ma dernière. Mon corps me signalait tout de même que je n'avais plus 20 ans. J'ai commencé à faire des varices sur les molets. Mes canaux carpiens me faisaient souffrir. Et mon taux de sucre était limite. Pas de panique, je prends tout en main et je profite tout de même de chaque jour de cette grossesse. C'est si différent, être enceinte en été! Je peux profiter des piscines, porter des sandales, des jupettes et des camisoles. Par contre, je ne peux être aussi active que je le voudrais avec mes grands garçons.
En juillet arrive le temps des vacances. Je les commence par un petit voyage en Ohio avec mon père, sa conjointe et ma tante, pour le mariage de ma cousine. Nous y allons en voiture. Les paysages sont superbes et les pêches sont délicieuses. Après le mariage (sublime!), je prends l'avion, seule, pour revenir. C'est long et un peu difficile pour mes jambes de devoir rester assise, mais ça se passe bien. Je retrouve mes enfants et mon chum et nos vacances en famille commencent! Baignade, la Ronde, le zoo, les popsicles, le bon temps. De belles vacances, quoi! Le mois de juillet se terminera par un autre mariage, celui de mon petit frère, en Abitibi. Un autre périple! Je trouve la route longue, rendue à 34 semaines de grossesse. Je porte de superbes bas de soutien, pour minimiser les varices ainsi qu'une jolie attèle pour mon poignet. Vraiment, j'ai un beau look! Un autre beau mariage, une courte visite du nouveau chez-soi de mon petit frère et hop, on revient au bercail.
Le mois d'août se passe doucement. Ma mobilité réduite par mon ventre immense m'empêche de jouer dehors autant que je voudrais, mais nous faisons tout de même quelques sorties en famille. J'espère encore secrètement ne pas me rendre à 41 semaines comme pour les autres grossesses, mais je n'y crois plus tellement. Pour la première fois, j'ai un peu de chemin de fait: 1,5 cm! Rien de gros, mais je n'avais jamais eu cela avant et ça m'encourage. Les semaines passent. Rien. Ma date prévue approche. Rien. Je me sens malgré tout bien et je ne suis pas tannée d'être enceinte. Petit bonhomme gigotte beaucoup, me donne des coups dans les côtes et je savoure chaque minute.
L'été tire à sa fin. L'école approche. Tithom avait été déçu de ne pas être pigé pour l'école alternative (et nous de même). J'avais réussi à le convaincre que l'école du quartier (que nous avions pu visiter en juin) était bien et qu'il aimerait ça. Pas deux semaines avant la rentrée, je reçois un coup de fil. "Une place vient de se libérer à l'école alternative. Êtes-vous toujours intéressés?" Quelle joie! Mon grand Tithom entre à la maternelle au début de septembre. C'est une transition un peu difficile pour moi, devoir gérer les horaires différents et l'implication à l'école, mais il adore tellement ça que je prends mon mal en patience.Tilou, lui, entre à la petite école où Tithom était allé. Il s'y sent comme un poisson dans l'eau.
Puis, enfin, le 14 septembre, mon troisième garçon vient au monde (je réserve le récit pour un autre billet). Un beau bébé, un bébé parfait qui fait le bonheur de toute la famille. Les débuts de l'allaitement ne se déroulent pas très bien. Ironique, pour une maman qui en est à son troisième allaitement et qui est marraine d'allaitement depuis 5 ans! Crevasses, gerçures, engorgement. Je souffre à chaque boire, je pleure, j'appréhende chaque tétée. Je vais chercher de l'aide et avec beaucoup de patience et d'onguent, je finis par prendre le dessus. Bébé est tranquille, souriant, joyeux, sautillant et en plus, il est mon premier fils avec mes yeux bruns! C'est un bon bébé. Ses grands frères l'adorent.
En janvier, Tithom a eu 6 ans. En mars, Tithom a eu 4 ans. C'est fou comme la vie peut nous surprendre par son rhytme à la fois lent et rapide! Bébé a maintenant presque 7 mois. La routine s'installe, malgré quelques imprévus par ci, par là. Une vie de famille comme j'en rêvais, ou presque. Trois beaux garçons en santé, que pourrais-je demander de mieux?
7 avril 2011
Parents en exil
Nous sommes en couple depuis presque 15 ans et pourtant, nous n'avons jamais voyagé ensemble. Enfin, à part quelques petites vacances à travers le Québec ou les Maritimes. Jamais pris l'avion avec lui. Jamais passé une semaine dans un autre pays avec lui. Lui qui prend pourtant l'avion plusieurs fois par mois, qui voyage beaucoup pour le travail et voit (rapidement, souvent très sommairement) différents pays, ne m'a jamais faite traverser une frontière.
Tout ça va changer la semaine prochaine. Nous faisons le grand saut: notre premier voyage dans le Sud ensemble, seuls, sans les enfants (du moins, sans les deux grands!). J'ai tellement hâte, j'en dors mal! Hâte de me retrouver seule avec lui, hâte de flâner, de ne pas avoir à préparer de repas, de ne pas avoir à habiller les enfants pour la garderie et l'école. Hâte de manger quand je veux, sans avoir à me lever 12 fois pendant le repas. Hâte de prendre une douche sans me faire interrompre par un "maman, je veux des céréales!" ou pire, un "maman, j'ai fait caca, viens essuyer mes fesses!". C'est arrivé ce matin. Et je vous jure que, la tête pleine de shampoing, je ne la trouvais pas drôle.
J'ai hâte de revivre, un peu, ce que nous étions avant d'avoir des enfants. J'ai hâte de ne pas savoir à l'avance ce que nos journées seront. Hâte de ne pas me sentir coupable de ne rien faire. Hâte de lire, me baigner, m'étendre sur la plage. Hâte de me reposer, de refaire le plein.
Mais... j'ai aussi extrêmement peur. Ce sera la première fois que je laisse les enfants pour plus de deux jours. Et nous serons si loin. Je fais confiance en mon père et sa conjointe. Je sais que les enfants aiment aller chez eux, ils en ont l'habitude, ils sauront quoi faire. Mais j'ai peur qu'il leur arrive quelque chose et que nous soyons si loin. J'ai peur qu'il nous arrive quelque chose, si loin d'eux. Je sais, je ne dois pas y penser, ça me stresserait pour rien. Mais je ne peux m'en empêcher. J'imagine que ça me prendra quelques jours avant de ne plus y penser (autant).
Je focusse donc sur le positif: la plage, le repos, le soleil, la paix. Et les retrouvailles au bout d'une semaine. Et mon écho le lendemain de notre retour!
Maintenant, si je pouvais juste retrouver ma valise...
Tout ça va changer la semaine prochaine. Nous faisons le grand saut: notre premier voyage dans le Sud ensemble, seuls, sans les enfants (du moins, sans les deux grands!). J'ai tellement hâte, j'en dors mal! Hâte de me retrouver seule avec lui, hâte de flâner, de ne pas avoir à préparer de repas, de ne pas avoir à habiller les enfants pour la garderie et l'école. Hâte de manger quand je veux, sans avoir à me lever 12 fois pendant le repas. Hâte de prendre une douche sans me faire interrompre par un "maman, je veux des céréales!" ou pire, un "maman, j'ai fait caca, viens essuyer mes fesses!". C'est arrivé ce matin. Et je vous jure que, la tête pleine de shampoing, je ne la trouvais pas drôle.
J'ai hâte de revivre, un peu, ce que nous étions avant d'avoir des enfants. J'ai hâte de ne pas savoir à l'avance ce que nos journées seront. Hâte de ne pas me sentir coupable de ne rien faire. Hâte de lire, me baigner, m'étendre sur la plage. Hâte de me reposer, de refaire le plein.
Mais... j'ai aussi extrêmement peur. Ce sera la première fois que je laisse les enfants pour plus de deux jours. Et nous serons si loin. Je fais confiance en mon père et sa conjointe. Je sais que les enfants aiment aller chez eux, ils en ont l'habitude, ils sauront quoi faire. Mais j'ai peur qu'il leur arrive quelque chose et que nous soyons si loin. J'ai peur qu'il nous arrive quelque chose, si loin d'eux. Je sais, je ne dois pas y penser, ça me stresserait pour rien. Mais je ne peux m'en empêcher. J'imagine que ça me prendra quelques jours avant de ne plus y penser (autant).
Je focusse donc sur le positif: la plage, le repos, le soleil, la paix. Et les retrouvailles au bout d'une semaine. Et mon écho le lendemain de notre retour!
Maintenant, si je pouvais juste retrouver ma valise...
15 mars 2011
Il en a trois
Déjà.
On le répète à chaque anniversaire, à chaque moment charnière qui passe. Déjà.
Mais ça ne cesse d'être vrai: le temps passe vite et rien ne peut l'arrêter.
Mon bébé, mon potelé, mon Tilou d'amour a aujourd'hui 3 ans. Déjà. Trois ans d'intensité, d'extrêmes, de contradictions, de remises en question, de refontes de routine, d'adaptation, de rigolades, de joues rondes et roses et douces et bonnes, de complicité et d'adversité fraternelles. Trois ans de vie de famille à quatre. Trois ans avec mon deuxième garçon, si différent du premier. Trois ans à apprendre à connaître Tilou. Et à l'aimer inconditionnellement.
Tilou est toujours aussi blond. Il a toujours ses si beaux yeux bleus. Il passe toujours aussi rapidement des larmes au rire (et vice-versa). Il est propre (sauf de nuit, mais presque). Il parle sans arrêt et très clairement. Il a toutes ses dents. Il mange de tout, mais ne veut toujours pas boire de lait. Il déteste toujours qu'on lui lave les cheveux (la tor-tu-re). Il a toujours son caractère intense, sa personnalité pleine de sensibilité et de charme. Il a encore des fossettes sur les coudes et les joues. Il a encore les cuisses potelées et les joues rondes à croquer. Il se démarque pourtant tellement du bébé qu'il était. Il devient de plus en plus un enfant, un grand. Il est si fier d'avoir 3 ans. Si fier d'être propre et d'être un grand garçon.
Et moi, je le regarde grandir, impuissante. Je le regarde lentement s'éloigner de moi, mon bébé koala qui coupe le cordon doucement. Je sais qu'un jour, il ne voudra plus de bisou ni de câlin. Mais pour l'instant, je me gâte et je fais le plein.
Déjà. Trois années intenses, mais tellement, tellement belles.
Bonne fête mon Tilou-tout-fou-plein-d'poux! Je t'aime à la folie. Pour la vie.
On le répète à chaque anniversaire, à chaque moment charnière qui passe. Déjà.
Mais ça ne cesse d'être vrai: le temps passe vite et rien ne peut l'arrêter.
Mon bébé, mon potelé, mon Tilou d'amour a aujourd'hui 3 ans. Déjà. Trois ans d'intensité, d'extrêmes, de contradictions, de remises en question, de refontes de routine, d'adaptation, de rigolades, de joues rondes et roses et douces et bonnes, de complicité et d'adversité fraternelles. Trois ans de vie de famille à quatre. Trois ans avec mon deuxième garçon, si différent du premier. Trois ans à apprendre à connaître Tilou. Et à l'aimer inconditionnellement.
Tilou est toujours aussi blond. Il a toujours ses si beaux yeux bleus. Il passe toujours aussi rapidement des larmes au rire (et vice-versa). Il est propre (sauf de nuit, mais presque). Il parle sans arrêt et très clairement. Il a toutes ses dents. Il mange de tout, mais ne veut toujours pas boire de lait. Il déteste toujours qu'on lui lave les cheveux (la tor-tu-re). Il a toujours son caractère intense, sa personnalité pleine de sensibilité et de charme. Il a encore des fossettes sur les coudes et les joues. Il a encore les cuisses potelées et les joues rondes à croquer. Il se démarque pourtant tellement du bébé qu'il était. Il devient de plus en plus un enfant, un grand. Il est si fier d'avoir 3 ans. Si fier d'être propre et d'être un grand garçon.
Et moi, je le regarde grandir, impuissante. Je le regarde lentement s'éloigner de moi, mon bébé koala qui coupe le cordon doucement. Je sais qu'un jour, il ne voudra plus de bisou ni de câlin. Mais pour l'instant, je me gâte et je fais le plein.
Déjà. Trois années intenses, mais tellement, tellement belles.
Bonne fête mon Tilou-tout-fou-plein-d'poux! Je t'aime à la folie. Pour la vie.
7 mars 2011
Une autre rencontre
Nous avons décidé, une fois encore, de faire le test de clarté nucale, donc l'échographie et les deux prises de sang. Malheureusement, je n'ai pas réussi à avoir un rendez-vous une journée où Hom était en ville. De nombreux déplacements (dont un voyage en Floride et un autre à Vancouver) dans les dernières semaines, en plus de la semaine de relâche (donc journées de clinique diminuées) et du fait que notre période pour cette écho était restreinte, tout cela a fait que c'était impossible pour Hom d'y assister. Nous étions déçus, mais ce qui comptait avant tout, c'était la santé du bébé.
Comme Tithom n'avait pas d'école ce jour-là, j'avais décidé de l'amener avec moi. Et comme ma mère m'achale toujours pour assister à mes accouchements (il n'en est PAS QUESTION!), je me disais que ce serait un petit prix de consollation pour elle. Après avoir annoncé notre bonne nouvelle à la famille, je l'ai donc invitée à assister à l'échographie. Elle en était très heureuse.
Donc, mercredi matin dernier, je me rends à la clinique avec mes deux accolytes. J'ai essayé d'expliquer à Tithom qu'on allait voir le bébé, mais que ce ne serait pas très clair sur la télé, que ce serait en gris et que le docteur devait prendre des mesures.
Je m'étends sur la table et dès que le docteur pose la sonde sur mon ventre, on voit le bébé apparaître très clairement à l'écran. Il me semble ne jamais l'avoir vu aussi clairement à ce stade. Tout de suite, on voit très bien sa colonne vertébrale. Le doc s'exclame "tu as pris de l'acide folique, toi!" Tithom voit bien le bébé aussi. Ma mère est hypnotisée par l'écran. Bébé bouge sans arrêt (pas surprenant que j'aie déjà commencé à le/la sentir bouger), croise ses petites jambes, se couche avec les fesses dans les airs, semble nous saluer avec sa petite main... Tithom rigole, il trouve ça très drôle de voir le bébé bouger. Je craque. C'est trop mignon.
Le doc prend ses mesures. Tout semble parfait. Mais on doit aussi bien voir l'os de son nez. Le doc commence donc à brasser mon ventre pour faire bouger bébé. Tithom éclate de rire! Il devient donc le petit helper du docteur et brasse mon ventre à son tour. C'est long, bébé ne veut pas nous montrer son profil. Brasse la bédaine, bouge le bébé... on finit par voir ce qu'on veut voir: un bel os de nez.
Le doc me demande si je veux savoir si c'est un garçon ou une fille. Je lui dis que non. Je ne l'ai jamais su aux autres (à ce stade-ci) et ça ne me démange pas. D'autant plus que la marge d'erreur est trop grande et je ne veux pas me faire de fausses idées. De toute façon, même si on avait voulu savoir, bébé ne nous aurait pas laissé faire. Il/elle a gardé ses jambes croisées tout le long, alors même le doc qui voulait aller voir n'a pas pu.
Un bébé en santé, de belles mesures, une belle écho. Et un sentiment de bien-être qui grandit en moi. Le premier trimestre est terminé. Je respire mieux. Nos familles sont au courant. Les enfants m'en parlent à tous les jours. Je sens le bébé bouger. Voilà, je la sens enfin arriver, la zénitude.
Comme Tithom n'avait pas d'école ce jour-là, j'avais décidé de l'amener avec moi. Et comme ma mère m'achale toujours pour assister à mes accouchements (il n'en est PAS QUESTION!), je me disais que ce serait un petit prix de consollation pour elle. Après avoir annoncé notre bonne nouvelle à la famille, je l'ai donc invitée à assister à l'échographie. Elle en était très heureuse.
Donc, mercredi matin dernier, je me rends à la clinique avec mes deux accolytes. J'ai essayé d'expliquer à Tithom qu'on allait voir le bébé, mais que ce ne serait pas très clair sur la télé, que ce serait en gris et que le docteur devait prendre des mesures.
Je m'étends sur la table et dès que le docteur pose la sonde sur mon ventre, on voit le bébé apparaître très clairement à l'écran. Il me semble ne jamais l'avoir vu aussi clairement à ce stade. Tout de suite, on voit très bien sa colonne vertébrale. Le doc s'exclame "tu as pris de l'acide folique, toi!" Tithom voit bien le bébé aussi. Ma mère est hypnotisée par l'écran. Bébé bouge sans arrêt (pas surprenant que j'aie déjà commencé à le/la sentir bouger), croise ses petites jambes, se couche avec les fesses dans les airs, semble nous saluer avec sa petite main... Tithom rigole, il trouve ça très drôle de voir le bébé bouger. Je craque. C'est trop mignon.
Le doc prend ses mesures. Tout semble parfait. Mais on doit aussi bien voir l'os de son nez. Le doc commence donc à brasser mon ventre pour faire bouger bébé. Tithom éclate de rire! Il devient donc le petit helper du docteur et brasse mon ventre à son tour. C'est long, bébé ne veut pas nous montrer son profil. Brasse la bédaine, bouge le bébé... on finit par voir ce qu'on veut voir: un bel os de nez.
Le doc me demande si je veux savoir si c'est un garçon ou une fille. Je lui dis que non. Je ne l'ai jamais su aux autres (à ce stade-ci) et ça ne me démange pas. D'autant plus que la marge d'erreur est trop grande et je ne veux pas me faire de fausses idées. De toute façon, même si on avait voulu savoir, bébé ne nous aurait pas laissé faire. Il/elle a gardé ses jambes croisées tout le long, alors même le doc qui voulait aller voir n'a pas pu.
Un bébé en santé, de belles mesures, une belle écho. Et un sentiment de bien-être qui grandit en moi. Le premier trimestre est terminé. Je respire mieux. Nos familles sont au courant. Les enfants m'en parlent à tous les jours. Je sens le bébé bouger. Voilà, je la sens enfin arriver, la zénitude.
21 février 2011
Sortir du brouillard
Presqu'un mois depuis que nous avons vu notre grain de riz sur un écran. Un mois à quand même angoisser, car voir le coeur si tôt ne garantit pas grand chose. Un mois à vivre nausées, fatigue, malaises digestifs, rhume... Un mois à avoir l'impression de patauger dans un épais brouillard avec l'espoir bien ferme d'entendre ce petit coeur battre à nouveau. Un mois à attendre le rendez-vous suivant en essayant de ne pas tomber endormie n'importe où, n'importe quand. Un mois à garder le secret.
J'avais mon premier rendez-vous de grossesse la semaine dernière. La valse des rendez-vous était alors lancée: prises de sang, clarté nucale, référence pour l'échographie, rendez-vous aux 4 semaines. Ouf. Bien que je l'ai déjà vécu 2 fois, ce côté de la grossesse ne me manquait pas du tout! Surtout que gérer des rendez-vous avec deux enfants qui ont des horaires particuliers, ça demande beaucoup de créativité.
Bref, mon rendez-vous. J'étais nerveuse. Quatre semaines sans entendre le coeur de mon bébé, sans savoir si tout allait toujours bien, ça commençait à me peser. J'aurais tellement voulu être zen, mais c'était plus fort que moi! Après la routine de la pesée, pression, questions, venait le moment tant attendu de l'écoute du coeur. Je m'étends sur la table d'examen. Le doc pose son machin sur la gelée froide, sur mon ventre. Et il cherche. Et cherche. On entend des gargouillis, des murmures, mais rien qui ressemble à un battement de coeur. Le mien commence à battre plus vite. Mes doigts tordent le chandail que je retiens au-dessus de mon nombril. Le doc cherche. Il appuie fort, bouge lentement, ne laisse pas un espace non exploré. Je stresse. Je n'ose plus le regarder, car j'ai vu son air inquiet. J'aurais aimé avoir Hom près de moi pour lui serrer la main. De longues minutes s'écoulent. Puis, comme sorti d'une caverne, on entend un battement rapide. Doucement, presqu'imperceptible. Mais bien là. Le doc me regarde, visiblement soulagé et me demande si je l'entends bien. Je lui réponds oui, laissant du même coup tomber mon stress.
Tout semble bien aller pour le moment. C'est tout ce que je voulais savoir. Quelle libération!
En plus, mes nausées semblent enfin disparues, ou presque. La fatigue y est toujours, mais je sais que ce n'est qu'un question de semaines avant de retrouver la forme. Juste à temps pour le printemps je crois bien!
Nous avons annoncé aux garçons que maman avait un bébé dans son bedon en fin de semaine. Tilou ne semblait pas trop comprendre, Tithom était très curieux. Je lui ai montré des images de ce que bébé a l'air en ce moment et ça l'impressionnait beaucoup. Le lendemain matin, Tilou est entré dans ma chambre alors que je dormais encore et, inquisiteur, il m'a demandé où était le bébé.
Il est juste là, mon coeur. Et maman en est tellement heureuse.
J'avais mon premier rendez-vous de grossesse la semaine dernière. La valse des rendez-vous était alors lancée: prises de sang, clarté nucale, référence pour l'échographie, rendez-vous aux 4 semaines. Ouf. Bien que je l'ai déjà vécu 2 fois, ce côté de la grossesse ne me manquait pas du tout! Surtout que gérer des rendez-vous avec deux enfants qui ont des horaires particuliers, ça demande beaucoup de créativité.
Bref, mon rendez-vous. J'étais nerveuse. Quatre semaines sans entendre le coeur de mon bébé, sans savoir si tout allait toujours bien, ça commençait à me peser. J'aurais tellement voulu être zen, mais c'était plus fort que moi! Après la routine de la pesée, pression, questions, venait le moment tant attendu de l'écoute du coeur. Je m'étends sur la table d'examen. Le doc pose son machin sur la gelée froide, sur mon ventre. Et il cherche. Et cherche. On entend des gargouillis, des murmures, mais rien qui ressemble à un battement de coeur. Le mien commence à battre plus vite. Mes doigts tordent le chandail que je retiens au-dessus de mon nombril. Le doc cherche. Il appuie fort, bouge lentement, ne laisse pas un espace non exploré. Je stresse. Je n'ose plus le regarder, car j'ai vu son air inquiet. J'aurais aimé avoir Hom près de moi pour lui serrer la main. De longues minutes s'écoulent. Puis, comme sorti d'une caverne, on entend un battement rapide. Doucement, presqu'imperceptible. Mais bien là. Le doc me regarde, visiblement soulagé et me demande si je l'entends bien. Je lui réponds oui, laissant du même coup tomber mon stress.
Tout semble bien aller pour le moment. C'est tout ce que je voulais savoir. Quelle libération!
En plus, mes nausées semblent enfin disparues, ou presque. La fatigue y est toujours, mais je sais que ce n'est qu'un question de semaines avant de retrouver la forme. Juste à temps pour le printemps je crois bien!
Nous avons annoncé aux garçons que maman avait un bébé dans son bedon en fin de semaine. Tilou ne semblait pas trop comprendre, Tithom était très curieux. Je lui ai montré des images de ce que bébé a l'air en ce moment et ça l'impressionnait beaucoup. Le lendemain matin, Tilou est entré dans ma chambre alors que je dormais encore et, inquisiteur, il m'a demandé où était le bébé.
Il est juste là, mon coeur. Et maman en est tellement heureuse.
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